Trente ans après la découverte du virus VIH, et dans l'attente d'un vaccin préventif, les groupes pharmaceutiques développent les antirétroviraux. Certains produits dépassent le milliard d'euros de ventes annuelles.
Depuis 1996, les patients atteints du VIH peuvent bénéficier des trithérapies, un traitement médicamenteux associant trois molécules. Issues de la découverte des antirétroviraux, ces thérapies ont fait passer le sida d'une maladie mortelle, à une maladie chronique permettant de mener une vie presque normale malgré les effets secondaires. En 25 ans, les traitements et la perception de la maladie ont beaucoup évolué. Bien qu'au sens strict du terme, aucun produit ne guérit définitivement le sida les antirétroviraux permettent de stopper la prolifération du virus, et réduisent le risque de transmission. Des évolutions auxquelles ont bien sûr participé les laboratoires pharmaceutiques, qui adoptent toutefois des stratégies aujourd'hui un peu différentes dans ce domaine.
«Il y a encore beaucoup d'avancées thérapeutiques, avec la découverte de nouvelles classes de traitements », détaille d'ailleurs une interne en médecine. Mais ces avancées prennent du temps, et face aux échecs inhérents à la recherche médicale, les principales innovations portent aujourd'hui sur la simplification du traitement. Avec notamment une forte réduction des comprimés à prendre, et une trentaine de produits aujourd'hui sur le marché à prendre en association, ou seuls.
Un succès commercial peu étonnant, au vu de l'amélioration apportée par le produit, mais aussi du prix de vente de ce type de médicament. En moyenne, le coût annuel d'un traitement par trithérapie dans les pays occidentaux peut atteindre 10.000 euros. «En 2009, le marché mondial des traitements antisida a atteint environ 13 milliards de dollars. Il progresse de 13% par an, et devrait dépasser 17 milliards de dollars d'ici à 2018, rien qu'en Europe et aux Etats-Unis» ajoute Maurice Chelli, manager associé chez Bionest Partners. Sans compter le marché indirect, difficilement chiffrable, des ventes de médicaments (antibiotiques...) traitant les infections opportunistes liées à la maladie.
De quoi susciter l'intérêt des laboratoires, d'autant que les traitements sont pris, sauf exception, à vie. En 2009, GlaxoSmithKline et Pfizer ont décidé d'unir leur expertise dans le domaine en créant une coentreprise exclusivement dédiée aux traitements antisida, associant leurs produits déjà et leurs équipes de recherche.
Cette entité indépendante, ViiV Healthcare, commercialise déjà 10 produits, à prendre en association avec d'autres antirétroviraux. A partir de 2013, ViiV Healthcare souhaite par ailleurs lancer chaque année une nouvelle molécule sur le marché. «Au total, la division VIH de GSK a représenté 1,8 milliard d'euros en 2010, précise Maurice Chelli. Le groupe perd toutefois du terrain face à son grand rival en virologie, Gilead, d'autant que la perte du brevet sur la trithérapie Combivir va accélérer la perte de parts de marché de GSK».
De leur côté, les américains Merck&Co, Abbott et Boehringer Ingelheim disposent eux aussi de leur produits. Par contre, chez le champion français de la pharmacie, Sanofi, aucun médicament n'est pour l'instant sur le marché. Le laboratoire n'exclut toutefois pas la signature de licences avec d'autres laboratoires indiens ou occidentaux pour distribuer des produits dans les pays d'Afrique.
A noter que Sanofi travaille aussi sur le développement d'un vaccin dont des résultats cliniques de phase III publiés en 2009 ont été jugés prometteurs. « C'est la première fois que l'on constate un effet de protection, détaille le docteur Robert Sebbag, vice-président du département accès au médicament chez Sanofi. Toutefois, avec un taux de 31% de personnes protégées, on ne peut pas parler de vaccin mais de piste de recherche à creuser. Nous attendons de nouveaux résultats avec ce candidat vaccin d'ici à fin 2011 et prévoyons de lancer de nouvelles études avec des partenaires publics et privés dans les prochaines années».
http://www.lefigaro.fr/societes/2011/06/01/04015-20110601ARTFIG00675-les-laboratoires-misent-sur-la-simplification-des-traitements.php
«Il y a encore beaucoup d'avancées thérapeutiques, avec la découverte de nouvelles classes de traitements », détaille d'ailleurs une interne en médecine. Mais ces avancées prennent du temps, et face aux échecs inhérents à la recherche médicale, les principales innovations portent aujourd'hui sur la simplification du traitement. Avec notamment une forte réduction des comprimés à prendre, et une trentaine de produits aujourd'hui sur le marché à prendre en association, ou seuls.
Des blockbusters pour les laboratoires
C'est la voix qu'ont choisi les américains Bristol-Myers Squibb et Gilead Sciences (société de biotechnologies), qui ont mis au point l'Atripla, une association de trois antirétroviraux (efavirenz, emtricitabine et tenofovir disoproxil fumarate), en un seul comprimé, à prendre quotidiennement. De quoi faciliter grandement l'observance du traitement par les patients, qui au début des trithérapies, pouvaient prendre jusqu'à 25 pilules par jour... Lancé en 2007 aux Etats-Unis et à partir de 2008 dans les pays de l'Union européenne, Atripla rapporte aujourd'hui près de 3 milliards de dollars (2 milliards d'euros) par an aux deux laboratoires, et représente 40% des ventes de Gilead!Un succès commercial peu étonnant, au vu de l'amélioration apportée par le produit, mais aussi du prix de vente de ce type de médicament. En moyenne, le coût annuel d'un traitement par trithérapie dans les pays occidentaux peut atteindre 10.000 euros. «En 2009, le marché mondial des traitements antisida a atteint environ 13 milliards de dollars. Il progresse de 13% par an, et devrait dépasser 17 milliards de dollars d'ici à 2018, rien qu'en Europe et aux Etats-Unis» ajoute Maurice Chelli, manager associé chez Bionest Partners. Sans compter le marché indirect, difficilement chiffrable, des ventes de médicaments (antibiotiques...) traitant les infections opportunistes liées à la maladie.
De quoi susciter l'intérêt des laboratoires, d'autant que les traitements sont pris, sauf exception, à vie. En 2009, GlaxoSmithKline et Pfizer ont décidé d'unir leur expertise dans le domaine en créant une coentreprise exclusivement dédiée aux traitements antisida, associant leurs produits déjà et leurs équipes de recherche.
Cette entité indépendante, ViiV Healthcare, commercialise déjà 10 produits, à prendre en association avec d'autres antirétroviraux. A partir de 2013, ViiV Healthcare souhaite par ailleurs lancer chaque année une nouvelle molécule sur le marché. «Au total, la division VIH de GSK a représenté 1,8 milliard d'euros en 2010, précise Maurice Chelli. Le groupe perd toutefois du terrain face à son grand rival en virologie, Gilead, d'autant que la perte du brevet sur la trithérapie Combivir va accélérer la perte de parts de marché de GSK».
Roche a suspendu ses programmes de recherche
Parmi les autres laboratoires en pointe dans le domaine, le lancement par Roche du Fuzeon en 2003 avait été très commenté, tant que pour son innovation thérapeutique que pour son prix de vente (plus de 18.000 euros par an), remboursés intégralement par la Sécurité Sociale. Mais en 2008, le laboratoire bâlois a suspendu ses projets de recherche, estimant insuffisantes les améliorations thérapeutiques constatées. De quoi mettre un frein aux efforts commerciaux sur les produits déjà en vente. Aujourd'hui, Roche commercialise encore trois antirétroviraux (Fuzeon, Viracept et Invirase), dont le chiffre d'affaires reste toutefois marginal par rapport aux 47,47 milliards de francs suisse (38,7 milliards d'euros) engrangés par le suisse en 2010.De leur côté, les américains Merck&Co, Abbott et Boehringer Ingelheim disposent eux aussi de leur produits. Par contre, chez le champion français de la pharmacie, Sanofi, aucun médicament n'est pour l'instant sur le marché. Le laboratoire n'exclut toutefois pas la signature de licences avec d'autres laboratoires indiens ou occidentaux pour distribuer des produits dans les pays d'Afrique.
Le défi africain
Un stratégie peut-être appelée à se développer car l'Afrique sub-saharienne regroupe la majeure partie de la population infectée: 22,5 millions de personnes, soit 67% des malades vivant en 2009 avec le virus. La généralisation des traitements dans ces zones pouvait ressembler à un casse-tête financier pour les laboratoires. Mais la création d'Unitaid en 2006 (800 millions de dollars alloués à la lutte contre le Sida depuis la création), et celle du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme permet de financer une partie des traitements proposés par les géants occidentaux de la pharmacie. Bien sûr pour ces derniers, les prix de ventes restent souvent inférieurs de 40% à 60% à ceux pratiqués sur leurs marchés d'origine.A noter que Sanofi travaille aussi sur le développement d'un vaccin dont des résultats cliniques de phase III publiés en 2009 ont été jugés prometteurs. « C'est la première fois que l'on constate un effet de protection, détaille le docteur Robert Sebbag, vice-président du département accès au médicament chez Sanofi. Toutefois, avec un taux de 31% de personnes protégées, on ne peut pas parler de vaccin mais de piste de recherche à creuser. Nous attendons de nouveaux résultats avec ce candidat vaccin d'ici à fin 2011 et prévoyons de lancer de nouvelles études avec des partenaires publics et privés dans les prochaines années».
http://www.lefigaro.fr/societes/2011/06/01/04015-20110601ARTFIG00675-les-laboratoires-misent-sur-la-simplification-des-traitements.php
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