lundi 13 juin 2011

Cinq questions sur la bactérie tueuse

A-t-on la preuve de la culpabilité des graines germées?
Pas de preuve formelle mais un faisceau d’indices (études épidémiologiques, enquêtes de traçabilité). "Il n’est pas besoin de preuve microbiologique formelle quand tout concorde", assène François-Xavier Weill.

Comment la contamination s’est-elle produite?
On l’ignore pour l’instant. Plusieurs hypothèses sont envisageables. François-Xavier Weill explique qu’un lot de graines contaminées a pu être importé en Allemagne : "Ensuite, les graines ont été mises en culture à 37 degrés dans de l’eau pendant plusieurs jours, un milieu très favorable à la prolifération des bactéries". D’autres chercheurs imaginent que les graines ont pu être contaminées par de l’eau souillée par des ruminants.
Les autorités allemandes ont-elles failli?
Non, répondent les deux experts. "Dans ce type de crise, la prédiction, ça n’existe pas. La communication se fait sur un fil", assure le professeur Didier Raoult. François-Xavier Weill observe que les graines sont "des aliments inhabituels, difficiles à repérer, que les gens ne se souviennent pas forcément avoir mangés". Mais le concombre, accusé à tort? "Si les autorités allemandes avaient omis de communiquer sur une piste importante, que ne leur aurait-on reproché… Le temps médiatique et politique ne fait pas forcément bon ménage avec celui des investigations sanitaires", analyse François-Xavier Weill.
Le danger bactérien est-il correctement pris en charge en France?
Oui, répondent les deux chercheurs, notamment grâce au réseau de surveillance. Découvertes en 1982, les bactéries Eceh, qui causent chaque année entre 70 et 100 syndromes hémolytiques et urémiques en France, sont dans la ligne de mire des spécialistes de l’Institut Pasteur. Didier Raoult estime toutefois que le système d’enquête pourrait être amélioré : "Comme en matière criminelle, tous les enquêteurs ne sont pas efficaces. Il faut identifier les meilleurs".
Le bio est-il dangereux?
"La nature n’est pas gentille, le fumier est parfois plus dangereux que l’engrais", relève le professeur Didier Raoult. Pour lui, la filière bio doit être soigneusement contrôlée. "C’est sans doute une crise de notre modernité alimentaire", poursuit-il. Un point de vue partagé par François-Xavier Weill : "La menace évolue tout le temps. L’apparition des élevages intensifs, la mode de la viande moins cuite ont fait prospérer certains pathogènes auxquels on sait maintenant faire face. Concernant les graines germées, peut-être faudra-t-il obliger les producteurs de graines à dépister une éventuelle contamination bactérienne avant commercialisation".

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