mercredi 8 juin 2011

Cancer : de nouveaux essais cliniques porteurs d’espoir

Des avancées encourageantes contre le cancer, notamment les plus agressifs, ont été annoncées à la grand-messe mondiale de cancérologie de l’ASCO (American Society of Clinical Oncology) qui s’achève ce mardi, aux Etats-Unis. Mais la maladie est loin de reculer, avec le vieillissement de la population et l’envolée des coûts pour la combattre.
Deux essais cliniques aux résultats prometteurs
Ce sont surtout les résultats prometteurs de deux essais cliniques, montrant pour la première fois un prolongement de la vie de malades atteints d’un mélanome métastasé, un cancer de la peau particulièrement agressif, qui ont été en vedette à la 47e conférence de l’American Society of Clinical Oncology (ASCO).
Ce colloque a réuni plus de 30 000 chercheurs et représentants des laboratoires pharmaceutiques ces quatre derniers jours à Chicago (Illinois, nord).
« Jusqu’à récemment nous avions peu d’options pour ces malades et peu d’espoir d’une longue survie », a souligné le Dr Lynn Schuchter, professeur de cancérologie à la faculté de médecine de Pennsylvanie, en se félicitant de ces progrès.
Des médicaments qui prolongent la vie des malades
L’agent expérimental vemurafenib (PLX4032) du laboratoire suisse Roche qui neutralise un gène mutant produisant une protéine clé au développement de la moitié des cas de mélanome, a permis de réduire de 63 % le risque de décéder des patients comparativement à ceux soumis à la chimiothérapie standard.
L’anticorps Yervoy, de la firme pharmaceutique Bristol-Myers Squibb, qui dope le système immunitaire (le premier médicament à montrer un gain substantiel de survie chez les sujets atteints d’un mélanome avancé en 2010), a permis en combinaison avec de la chimiothérapie de quasiment doubler la survie à trois ans.
Réduire le risque de cancer du sein
L’autre étude marquante de l’ASCO a montré que l’Aromasine (Exemestane), qui empêche la production d’œstrogènes, peut réduire de 65 % le risque de cancer du sein ou de récurrence chez des femmes ménopausées sans effets secondaires importants.
« Nous appliquons de plus en plus notre compréhension grandissante de la biologie du cancer ce qui se traduit par une plus grande longévité pour les malades », a observé le Dr Mark Kris, du Memorial Sloan-Kettering Cancer à New York.
Il se référait surtout aux thérapies personnalisées selon le profil génétique du malade et ciblées qui frappent certaines fonctions vitales du cancer comme par exemple la croissance des vaisseaux sanguins dont dépend la tumeur.
Le taux moyen de survie est en hausse
« Au cours des quarante dernières années, le taux moyen de survie à cinq ans pour tous les cancers a augmenté de 18 % aux Etats-Unis faisant qu’aujourd’hui deux malades sur trois sont encore en vie cinq ans après le diagnostic », a précisé le Dr George Sledge, président de l’ASCO et professeur de cancérologie à la faculté de médecine de l’Université d’Indiana (nord).
« Depuis son point culminant en 1971, le taux de mortalité par cancer a baissé de 17 % », a-t-il dit. « Tous ces progrès ont résulté de plusieurs décennies d’investissements publics et privés dans la recherche sur le cancer », a-t-il ajouté en référence au 40e anniversaire cette année de la signature par le président Richard Nixon du « National Cancer Act of 1971 » (loi sur le cancer) qui déclarait la guerre à la maladie.
Avec les nouvelles thérapies, des traitements très onéreux
« Tous ces investissements dans la recherche sur le cancer ont permis un grand nombre d’avancées en génomique et biologie cellulaire et moléculaire… », selon le Dr Harold Varmus, directeur de l’Institut national américain du cancer (NCI), prix Nobel de médecine, en se disant inquiet des réductions budgétaires aux Etats-Unis consacrées à la recherche médicale.
« Il y a des réalités économiques et politiques qui sont préoccupantes », a-t-il lancé.
D’autant que les coûts de traitements du cancer devraient passer de 124 milliards de dollars aux Etats-Unis en 2010 à 158 milliards d’ici à 2020, reflétant les tarifs exorbitants des nouvelles thérapies et l’accroissement du nombre de cancers avec le vieillissement de la population.

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