lundi 13 juin 2011

Mon corps mon meilleur ennemi

On le scrute, on le soigne, on l'invective, il nous fait honte parfois et on se fâche. Et puis on redevient amis, parce que l'on vit ensemble, et qu'il faut mieux s'accommoder l'un de l'autre. Mon corps, mon meilleur ennemi... C'est malheureusement une vérité pour beaucoup d'entre nous - une majorité ? -, hommes ou femmes.
« Beaucoup de personnes, tous âges confondus, ont une mauvaise image de leur corps. Elles détestent se voir en photo, pestent contre chacun de leur défaut... », confirme Claudine Badey-Rodriguez(1). Selon la psychologue, il est inutile de chercher bien loin, sinon dans le temps, pour trouver une explication à cette perception. « Elle dépend des messages que l'on a reçus pendant l'enfance et l'adolescence, de la part de ses parents, de ses profs aussi... Et il n'est pas rare que l'on subisse pendant ces périodes des remarques aussi assassines que : "Ta soeur a toujours été plus jolie que toi", ou "Elle a été toujours été mince, elle !", voire "Tu t'habilles comme un clown !" ou encore "Comment une grande gigue comme toi peut monter sur une poutre !" »
La reconstruction est possible
C'est bien connu, on se construit, enfant, à travers le regard des autres, de sa famille en particulier, et on imagine aisément l'impact que peut avoir un regard peu complaisant ou simplement indifférent : « L'absence de compliments est aussi délétère que des remarques négatives ».
Reste que rien n'est jamais figé, et la vie offre l'opportunité de jolies rencontres capables d'écorcher ces images que nous avons de nous-mêmes. « Ce qui est rassurant, souligne la psychologue, c'est que tout au long de la vie, la perception de soi est capable de se reconstruire sous l'influence de remarques agréables, de compliments qui vont contrebalancer les effets pervers de ce qui a été reçu enfant. »
Se parler avec gentillesse
Il y a aussi les actions que l'on peut mener soi-même. Première règle : détourner son regard des images d'hommes et femmes au physique sculptural que nous imposent comme des punitions les médias, à longueur de publicités. « Il faut avoir en tête que ces photos sont retouchées, que nous sont montrées les plus belles plastiques, qui ne correspondent en rien au commun des mortels. »
Deuxième règle d'or : surveiller son langage interne, en évitant des commentaires du type : « Je suis gros (se), moche, regarde ce ventre que j'ai, ou ces cuisses... » « Le langage conditionne les comportements et les émotions. Aussi, plutôt que faire l'inventaire impitoyable de toutes ses imperfections, il faut apprendre à se parler avec gentillesse et bienveillance, à sourire devant son miroir, à chercher ses atouts... Et si l'on a vraiment du mal à trouver ce que l'on a de bien, il faut se mettre dans la peau de notre meilleur ami, nous faisant des compliments. »
Alors que les températures clémentes nous contraignent, en ce début juin, à dévoiler nos corps, il devient urgent d'enterrer la hache de guerre.
(1) Notre experte, qui vient de publier Plus belle ma vie après cinquante ans (Albin Michel), sera présente au Festival du livre de Nice, les 17, 18 et 19 juin.

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