samedi 25 juin 2011

E.coli : l'infection bordelaise inquiète l'Europe

Des discussions sont engagées au niveau européen au sujet de l'intoxication à la bactérie E.coli due à des graines germées qui a touché dix personnes en France, pour déterminer s'il y a lieu ou non de lancer une alerte dans l'UE, a indiqué samedi la Commission européenne. "Il n'y a pas d'alerte européenne formelle lancée à ce stade qui équivaudrait à une interdiction de commercialisation" des graines concernées, mais "il y a des échanges d'informations entre la France, la Grande-Bretagne et l'Allemagne", a indiqué le porte-parole de l'exécutif européen pour les questions de santé.
Ces trois pays pourraient en effet être impliqués dans le circuit de la contamination signalée en banlieue bordelaise cette semaine. Les vecteurs probables de la bactérie semblent être des graines germées, saupoudrées sur des soupes lors d'une kermesse. Les examens bactériologiques menés par le Centre national de référence ont montré la présence pour deux patients d'une souche bactérienne O104, la même que dans la bactérie tueuse allemande. Mais les graines allemandes provenaient de l'exploitation Gärtnerhof à Bienenbüttel, dans le nord de l'Allemagne - une exploitation désormais fermée. Celles de la kermesse de Bègles, selon la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), étaient issues de graines de fenugrec, de moutarde et de roquette achetées dans un magasin Jardiland, et dont le fournisseur est un établissement britannique, la société Thompson & Morgan, basée à Ipswich. Le secrétariat d'Etat à la Consommation, Frédéric Lefebvre, qui l'a révélé, insiste cependant que "le lien entre les symptômes et la consommation de ces graines n'est pas définitivement établi à ce jour". En attendant les résultats toutefois, le secrétaire d'Etat a demandé la suspension de la commercialisation des graines à germer de ce fournisseur.

"Il ne faut pas s'étonner"

L'enquête a mis en évidence huit "cas groupés" d'apparition de troubles graves liés à la bactérie, six femmes et deux hommes âgés de 31 à 78 ans, originaires de Bègles ou du quartier bordelais attenant de Nansouty. Sept ont fréquenté la même kermesse le 8 juin au Centre de loisirs de la petite enfance de Bègles, et six au moins y ont absorbé des gaspachos ornés des graines germées. Au total, sept personnes restent hospitalisées, dont cinq atteintes de complications rénales (quatre étant dans un état stationnaire, le cas de la cinquième ayant plutôt tendance à s'aggraver sans que le pronostic vital soit engagé) et deux moins gravement malades. Deux autres personnes ont pu rentrer chez elles. Une dixième n'a jamais eu à être hospitalisée. L'Agence régionale de santé a estimé qu'au vu des délais d'incubation, quinze jours, il ne devrait plus y avoir de déclaration de cas d'E.coli liée à cette kermesse.

Le député-maire EELV de Bègles, Noël Mamère, selon qui 120 personnes ont fréquenté la kermesse, a insisté sur le fait que les graines avaient été manipulées et élevées par deux employés du Centre de loisirs, qui n'ont pas été malades, et "qu'à aucun moment les enfants n'ont été en contact avec ces graines". Il a considéré qu'il "ne faut pas s'étonner que l'on soit confronté à ce genre d'intoxications. Il y en aura de plus en plus. C'est lié à des systèmes de production agricole et à des modes industrialisés de transformation agroalimentaire". Il a relevé que "les écologistes alertent depuis longtemps sur les dangers que nous courons". Le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, s'est dit vendredi prêt "à mettre de l'argent sur la table" pour permettre à des chercheurs de "travailler sur un programme spécifique" qui permettrait d'identifier très vite une bactérie, pour "aider l'organisme à lutter contre elle".

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