mercredi 8 juin 2011

Les thérapies non médicamenteuses sur ordonnance

La plupart des personnes qui consultent un médecin s'attendent à repartir avec une ordonnance. Et pourtant, conserver ou retrouver la santé ne passe pas obligatoirement par la prise de médicaments, loin de là. Reprendre une activité physique, suivre un régime, se faire aider par un psychologue, voire un ergothérapeute, sont souvent au moins aussi nécessaires que la prise de comprimés, gélules ou autres. Alors, pourquoi ne pas faire figurer ces recommandations sur l'ordonnance ? C'est en tout cas ce que propose la Haute Autorité de santé (HAS), qui a été saisie par la direction de la Sécurité sociale.
"Le but de ce travail a été d'identifier les caractéristiques des systèmes de santé qui pouvaient constituer des freins à la prescription des thérapeutiques non médicamenteuses et les moyens d'y remédier", explique Clémence Thébaut, chef de projet dans le service "évaluation économique et santé publique" de la HAS. Les auteurs de ce travail notent, pour commencer, le rôle symbolique de la prescription médicamenteuse. "En rédigeant une ordonnance, le médecin reconnaît le bien-fondé de la plainte de son patient", écrivent-ils. Et ils lui proposent la solution la plus simple puisque le traitement médicamenteux demande moins d'investissement personnel et financier que les thérapeutiques, qui nécessitent sa participation.
Avant de pouvoir modifier ce type de comportement, la HAS estime qu'il faudra résoudre différents problèmes. "S'il faut détailler sur l'ordonnance une thérapie complémentaire ou un régime particulier à suivre, cela peut prendre beaucoup de temps, relève Clémence Thébaut. C'est pourquoi la HAS propose des brochures d'information complémentaires." Mais les médecins doivent aussi parfois justifier leur non-prescription de médicaments et convaincre leurs patients de l'intérêt de ces thérapeutiques, ce qui peut être long. De plus, ils manquent souvent d'information sur les compétences et la disponibilité de professionnels spécialisés dans le suivi de ces thérapeutiques (psychologue, ergothérapeute...).
Sortir du tout-médicament
Du côté des patients, les freins sont différents. Le rapport souligne l'existence d'inégalités sociales, économiques (reste à charge pour les patients) et géographiques (manque de professionnels spécialisés dans certains territoires) susceptibles d'entraîner des difficultés pour accéder aux professionnels compétents (diététiciens, éducateurs spécialisés dans la réadaptation physique des personnes âgées...). En revanche, il semble que le fait de pouvoir relire tranquillement la "feuille de route" du médecin, et de la montrer à son entourage, soit très apprécié.
Au total, les auteurs notent que le fait de sortir d'une prise en charge essentiellement centrée sur le médicament et de l'influence symbolique qu'il exerce constitue un enjeu de santé publique. C'est le cas en particulier pour les personnes souffrant de maladies chroniques pour lesquelles les thérapeutiques non médicamenteuses sont souvent recommandées comme traitement de fond, par exemple dans la prise en charge des risques cardio-vasculaires et de l'insomnie. À terme, la meilleure reconnaissance des thérapies complémentaires devrait permettre de réduire la consommation de médicaments. Mais, avant cela, il faudra trouver un nouveau modèle financier acceptable par les médecins et leurs patients.
http://www.lepoint.fr/chroniqueurs-du-point/anne-jeanblanc/les-therapies-non-medicamenteuses-sur-ordonnance-07-06-2011-1339509_57.php

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