dimanche 12 juin 2011

Aimer, au-delà du handicap

Autrefois frappée d'interdit, la question de la sexualité des personnes handicapées est aujourd'hui reconnue par la loi comme un droit fondamental. Mais alors qu'au Danemark, en Allemagne ou en Suisse, les personnes handicapées ont la possibilité de faire appel à des services d'assistance sexuelle, en France, « on réfléchit encore », regrettait Charly Valenza, lors d'une journée de réflexion organisée par le Comité départemental d'éducation à la santé du Var.
Atteint de la maladie des os de verre, le vice-président de l'association « Choisir sa vie », membre du collectif 13 « Asexibilité »(1) refuse pourtant de revendiquer « un droit » à la sexualité. « Nous sommes comme tout le monde, des hommes et des femmes, pourquoi n'aurions-nous pas les mêmes désirs, les mêmes besoins ? Quand une personne handicapée ne peut pas manger, on la nourrit. Quand elle ne peut pas se laver, on la lave. Pourquoi ne pas répondre à son besoin de tendresse, d'amour ? »
Au sein du collectif Asexibilité, il milite pour la création d'un service d'assistance sexuelle.
De la réflexion... aux premiers ateliers «séduction »
« Le collectif réfléchit beaucoup aux questions d'éthique, juridiques, médicales, psychologiques qui sont soulevées par cette demande. Souvent les gens évoquent la prostitution. Mais un assistant sexuel, ce n'est pas ça . C'est quelqu'un qui écoute le corps, qui le traite avec douceur. Simplement être pris dans les bras de quelqu'un... Pour une personne handicapée qui n'a jamais de contacts physiques, c'est intense. »
L'action d'Asexibilité ne se limite pas à cette demande. « Les personnes handicapées ont aussi besoin d'une écoute, d'un accompagnement, poursuit Charly Valenza. Nous envisageons la création d'une plateforme téléphonique pour répondre à la détresse, à la souffrance qu'engendre parfois leur solitude affective. Nous avons aussi mis en place des ateliers séduction. »
L'association des paralysées de France, dans le Var, vient de faire la même chose, pour répondre aux demandes exprimées dans le cadre d'un groupe « vie affective et sexuelle » créé il y a six mois. « Il réunit des personnes handicapées ou valides d'horizons très divers. Il y a des gens qui veulent savoir ce qu'est l'assistance sexuelle, mais ce n'est pas la seule préoccupation exprimée. On parle aussi séduction, rencontre, éducation sexuelle », explique Edwige Lallemand, chargée de mission à l'APF.
L'éducation à la sexualité sera d'ailleurs la prochaine action mise en place, « parce qu'elle n'est tout simplement pas prévue pour les enfants handicapés qui ne sont pas scolarisés en milieu ordinaire... »

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