Après la lecture des résultats d'une étude récemment conduite par l'hôpital Saint-Bartholomew de Londres et le London NHS (National Health Service) Trust, il est difficile de dormir sur ses deux oreilles. Sauf si l'on dispose d'un oreiller neuf ou fraîchement lavé. Selon les chercheurs, un tiers du volume des coussins à usage nocturne pourrait être constitué d'acariens, vivants ou morts, de leurs excréments, de peaux mortes et de microbes. Parmi ces derniers, les auteurs de ce travail réalisé en milieu hospitalier ont trouvé des bactéries comme le redoutable SARM - staphylocoque doré résistant aux antibiotiques -, C. difficile ou encore E. coli (dont on parle beaucoup actuellement) et des virus, notamment ceux de la grippe, des hépatites et de la varicelle. Une trentaine d'espèces au total.
Ces constatations n'étonnent pas le docteur Frédéric Saldmann, spécialiste de l'hygiène, qui avait déjà abordé le sujet dans son livre On s'en lave les mains (Flammarion 2007). "L'oreiller est un milieu de culture idéal, rappelle-t-il. Il apporte à boire grâce à notre transpiration, nos larmes et les projections de la toux et des éternuements. Il fournit à manger puisque nous perdons des squames de peau toutes les nuits. Et, en plus, la ménagerie peut proliférer à son aise, grâce à la chaleur de notre corps, nuit après nuit." N'importe quel germe y trouve donc des conditions favorables à son développement, "aussi bien que dans une boîte de Petri contenant un produit gélatineux", affirme même un spécialiste anglais.
Infestés de microbes
En l'absence de mesures d'hygiène particulières, il semble logique que les oreillers des hôpitaux, qui accueillent des malades, soient les plus infestés de microbes. L'étude anglaise a trouvé des concentrations particulièrement inquiétantes pouvant causer des infections graves chez les personnes ayant un système immunitaire affaibli. "Même sans cela, on sait très bien qu'une personne peut se recontaminer si elle ne lave pas son oreiller après une grippe", ajoute le docteur Saldmann. Changer les taies ne suffit pas puisque le tissu laisse passer les microbes. Mieux vaut donc utiliser de taies antibactériennes (et aussi les laver régulièrement, car leur surface extérieure peut se contaminer progressivement).
Frédéric Saldmann précise que les hôpitaux français sont extrêmement vigilants et performants en matière d'hygiène, les contrôles étant réguliers. En revanche, la propreté dans ce domaine laisse à désirer chez les particuliers. Ce spécialiste estime que, comme pour sa brosse à dents, il ne faut pas prêter son oreiller, qu'il faut acheter des coussins synthétiques, les laver tous les trois mois (les spécialistes anglais précisent qu'il faut les laver par deux, pour l'équilibre de la machine) et les changer environ une fois par an (pour le confort et la prévention du mal de dos). Et, même s'il n'a rien contre le fait de mettre sa literie au soleil l'été, ce médecin précise que cela ne permet en aucun cas de tuer des colonies de germes.
http://www.lepoint.fr/chroniqueurs-du-point/anne-jeanblanc/votre-oreiller-un-nid-a-microbes-23-06-2011-1345365_57.php
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire