lundi 11 juillet 2011

Médecin généraliste : un métier dur mais satisfaisant

Ils ont toujours la vocation et ils se sentent utiles, mais ils sont inquiets pour l'avenir de leur profession. Ce sont les principales conclusions de l'enquête menée du 14 au 17 juin 2011 par PRATIS.COM, en partenariat avec Les Entretiens de Bichat 2011, auprès de 500 médecins internautes exerçant dans toute la France et âgés en moyenne de 53 ans. Ils ont répondu à dix questions clés autour de la perception de leur métier et de l'évolution de leur relation avec leur patient.
"Le premier point important est qu'ils apprécient en premier lieu la relation avec leurs patients et le fait de contribuer au bien-être de ces derniers", note le Dr Caroline Lemarchand-Duros, médecin généraliste en région parisienne. À la question "Qu'aimez-vous le plus dans votre activité quotidienne de médecin ?" ces deux items recueillent respectivement 74,6 et 73,4 % des suffrages, alors que leur rémunération n'en obtient que 10,3 %. C'est à peine moins que la réponse portant sur leur statut social et la reconnaissance de leur métier.
Manque de reconnaissance
Concernant les freins ou les difficultés rencontrées pour exercer au mieux leur activité, les médecins se plaignent avant tout de tâches administratives et de la paperasserie. "Cela nous prend en moyenne 1 h 30 par jour après la consultation et cela augmente d'année en année", témoigne le Dr Lemarchand-Duros. Les médecins généralistes regrettent aussi un manque de reconnaissance, de valorisation de la part de l'État, des dégradations de condition d'exercice, une surcharge de travail et un manque de temps. "Le petit généraliste libéral isolé dans son cabinet est souvent méprisé par ses confrères spécialistes hospitaliers", ajoute-t-elle. "Au total, ça fait beaucoup !"
Et il faut encore ajouter à cela les problèmes avec les patients : 70,3 % ont déjà été confrontés à des agressions verbales, 34,1 % à des vols ou des tentatives de vol, 15,6 % à du vandalisme, sans parler des lettres de menaces et agressions physiques. Les malades peuvent, par exemple, s'énerver pour un retard du médecin, parce qu'il ne prescrit pas le médicament attendu ou parce que le traitement prescrit ne les a pas guéris au bout de 10 jours.
Concurrence d'Internet
"Nos patients nous parlent beaucoup de ce qu'ils ont trouvé sur Internet, alors que toutes les sources d'informations sont loin d'être validées, et pourtant ils formulent des demandes précises", regrette la généraliste. "Il faut alors passer beaucoup de temps à leur expliquer que les solutions proposées sur le Web ne correspondent pas à leur cas, avec leur historique, les médicaments qu'ils prennent déjà." Chaque situation est particulière et seul le professionnel de santé peut trouver la solution la plus adaptée à son patient.
Malgré tout, plus de la moitié des médecins interrogés se déclarent soit motivés, soit enthousiastes. Certes, quelques-uns sont blasés, mais ce qui inquiète le plus le Dr Lemarchand-Duros, ce sont les 13,7 % de stressés et les 4,3 % de déprimés : "Notre profession est particulière puisque nous devons porter la souffrance des autres tout au long de la journée. Chaque matin, nous devons recommencer avec la même énergie et chaque soir nous devons tenter de ne pas emporter cette souffrance chez nous. Certes, la plupart des médecins aiment toujours leur métier, sont satisfaits de leur exercice professionnel, mais il faut les aider à ne pas trop s'étioler en ne dégradant pas leurs conditions de travail."
http://www.lepoint.fr/chroniqueurs-du-point/anne-jeanblanc/medecin-generaliste-un-metier-dur-mais-satisfaisant-30-06-2011-1347833_57.php

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