On estime à 50 000 le nombre d'arrêts cardiaques en France, chaque année. Soit un toutes les 10 minutes. Moins de 2 % de ces personnes survivent sans séquelles neurologiques majeures. Malgré la fréquence de ce type d'accident dramatique, les facteurs de déclenchement sont très mal connus. C'est pourquoi deux médecins - le professeur Hervé Hubert, spécialiste de santé publique à Lille et le professeur Pierre-Yves Gueugniaud, anesthésiste-réanimateur à Lyon -, viennent de créer RéAC, le premier registre national en ligne destiné à mieux comprendre et donc à mieux combattre les arrêts cardiaques.
L'objectif est aussi de mieux cerner les disparités régionales et socio-économiques en la matière. "On connaît très mal l'épidémiologie de ces accidents", affirme le professeur Hubert. "Les chiffres actuels sont extrapolés à partir d'une étude faite il y a assez longtemps dans un quartier de l'Est parisien. Par ailleurs, certains réseaux régionaux étudient cette problématique, notamment en Rhône-Alpes et Ile-de-France, mais ils restent régionaux. Il faut donc fédérer toutes les bonnes volontés pour obtenir des données nationales fiables." Une telle initiative pourrait même être regardée de près à l'étranger, car il n'existe actuellement que deux grands registres en la matière au niveau mondial : un aux États-Unis, mais il concerne surtout les arrêts cardiaques à l'intérieur de l'hôpital (or, plus de 85 % ont lieu à l'extérieur), et un autre au Japon, mais la population, l'alimentation et la culture y sont très différentes des nôtres.
Base de données
Le but du registre RéAC est de recenser tous les arrêts cardiaques sur le territoire français et les moyens de prise en charge mis en oeuvre. En pratique, quand la pompe cardiaque est défaillante, il est nécessaire, selon les cas, soit de faire un choc électrique, une défibrillation, soit de recourir aux techniques classiques, avec massage cardiaque et réanimation cardio-pulmonaire en attendant l'arrivée de secours spécialisés qui vont injecter les médicaments adaptés. "Grâce à la base de données que nous allons créer, les médecins pourront évaluer leurs pratiques professionnelles, savoir ce qui marche le mieux et donc améliorer leurs résultats", assure le professeur Hubert. Quelques équipes ont commencé vendredi dernier - jour de l'inauguration de RéAC - à remplir des questionnaires concernant tous les arrêts cardiaques recensés sur leur site d'intervention et à les transmettre en ligne. Après une montée en phase progressive, des données devraient affluer de toutes les régions en France d'ici à la fin de l'année.
Pour mémoire, les cellules cardiaques doivent impérativement se contracter simultanément pour que le coeur puisse correctement propulser le sang dans tout l'organisme. En cas de fibrillation ventriculaire, principale cause de l'arrêt cardiaque, la contraction des cellules devient anarchique. Par conséquent, le coeur ne se contracte plus et la circulation sanguine s'arrête. Dès lors, le cerveau n'est plus irrigué et la personne perd connaissance. La mort cérébrale survient en quelques minutes. C'est pourquoi, à partir de l'instant où le coeur ne bat plus, chaque minute qui s'écoule jusqu'au moment des premiers gestes de réanimation cardio-pulmonaire représente une perte de chance de survie de 7 à 10 %.
http://www.lepoint.fr/chroniqueurs-du-point/anne-jeanblanc/
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