Chaque année en France, plus de 100 000 individus, principalement des accidentés de la route et des personnes âgées, sont victimes d'un traumatisme crânien considéré comme "léger" par les médecins dans 90 % des cas. Mais cela ne signifie pas pour autant bénin. Ces accidents peuvent en effet être responsables d'hémorragies cérébrales entraînant un risque de handicap sévère dans la vie quotidienne, quelques semaines ou quelques mois après un choc. D'où l'intérêt de pouvoir les repérer, sans forcément passer un scanner cérébral. D'autant plus que cet examen, lourd et coûteux, ne révèle des lésions significatives que dans moins de 10 % des cas et expose à des doses de radiation cent fois plus fortes qu'une banale radiographie.
C'est pour trouver un moyen simple et fiable d'identifier les traumatismes crâniens "à risque" que l'équipe de l'Inserm Prévention et prise en charge des traumatismes, coordonnée par Emmanuel Lagarde (Inserm U897, université Bordeaux Segalen) et le docteur Régis Ribereau-Gayon (centre hospitalier de Bordeaux) ont réalisé une étude dont les résultats viennent d'être publiés dans les Annals of Emergency Medicine. Les chercheurs sont partis d'une connaissance déjà ancienne concernant les astrocytes, des cellules qui environnent les neurones dans le cerveau. Lorsqu'ils sont soumis à un stress trop important, ces astrocytes produisent une protéine appelée S-100B que l'on retrouve dans la circulation sanguine.
Rassurer rapidement le patient
Ces chercheurs ont alors pensé qu'en dosant cette protéine par une simple prise de sang il serait possible de disposer d'un indicateur de l'état du cerveau, à même de préciser la présence ou non de lésions importantes, et donc la nécessité de surveiller le patient. Ce test peu onéreux (il coûte environ 15 euros, soit dix fois moins qu'un scanner), dont les résultats peuvent être connus en moins d'une heure, pourrait donc permettre de rassurer rapidement la majorité des accidentés sans avoir à pratiquer un scanner cérébral. Mais pour que ce test soit utilisable, il fallait être certain qu'aucun des patients présentant un test négatif ne risquait de développer une complication.
Emmanuel Lagarde et Régis Ribereau-Gayon ont donc recruté plus de 1 500 patients pendant 15 mois au sein du service des urgences adultes du CHU de Bordeaux. Pour les besoins de l'étude, toutes les personnes présentant un traumatisme crânien léger ont bénéficié, comme dans la pratique courante, d'un scanner cérébral et le dosage de la protéine S-100B a été réalisé à partir du sang prélevé pour les autres examens de routine. C'est ainsi que les chercheurs ont montré que seuls 7 % des patients présentaient un scanner positif évoquant une lésion cérébrale. Et que, parmi les 292 accidentés qui avaient un test de la protéine S-100B négatif, un seul avait un scanner positif et n'a pas développé de complications nécessitant des soins importants. "Le test sanguin de la protéine S-100B est donc une technique prometteuse qui permettra vraisemblablement dans un avenir proche d'apporter une prise en charge des traumatisés crâniens légers plus sûre et moins coûteuse", concluent donc Régis Ribereau-Gayon et Emmanuel Lagarde.
http://www.lepoint.fr/chroniqueurs-du-point/anne-jeanblanc/un-nouveau-marqueur-de-gravite-des-traumatismes-craniens-27-09-2011-1377839_57.php
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