mardi 4 octobre 2011

Maladie d'Alzheimer : une recherche active, mais encore impuissante

En 2020, chaque famille française sera touchée. Le slogan de la Fondation pour la recherche médicale (FRM) claque comme un avertissement en cette veille de Journée mondiale contre la maladie d'Alzheimer. Une affection qui concerne 225 000 nouvelles personnes chaque année. C'est pourquoi la FRM a fait de la lutte contre les maladies neurodégénératives une priorité. Depuis 2004, elle a engagé plus de 15 millions d'euros pour développer 318 recherches dans ce domaine.
Elle soutient notamment les travaux de l'équipe de Jean-François Dartigues, directeur de l'équipe Inserm Épidémiologie et Neuropsychologie du vieillissement cérébral à Bordeaux, qui s'intéresse à la longueur des télomères, les extrémités des chromosomes, en raison de sa corrélation avec le vieillissement cellulaire. Certaines études suggèrent que les patients déments ont des télomères plus courts que les autres. Le projet consiste à mesurer leur longueur chez des personnes de 65 ans et plus, suivies pour l'apparition de démences et de la maladie d'Alzheimer. "Nous espérons obtenir ainsi un marqueur préclinique de la démence, estime le spécialiste. Ce qui devrait permettre, à terme, un meilleur suivi des personnes à risque et la mise en oeuvre de stratégies préventives."
Optimisme pour l'avenir à moyen terme
La fondation Ifrad (International Fund Raising for Alzheimer Disease), pour sa part, étudie des cohortes de patients. La première, lancée en 2005, compte aujourd'hui 335 personnes qui s'engagent à être suivies jusqu'à leur décès, et dont la moitié a accepté de faire don de leur cerveau à la recherche. "L'objectif est de rassembler de 500 patients d'ici à 2014", précise le Dr Olivier de Ladoucette, son président fondateur. La fondation soutient également une cohorte de 170 malades jeunes (moins de 60 ans), dont la taille doit également augmenter. "Les dossiers très complets de ces patients seront mis à la disposition des chercheurs du monde entier", affirme le Dr de Ladoucette.
Dans le cadre de ses projets de recherche, la fondation souhaite acquérir un appareil combiné TEP/IRM (tomographie par émission de positons et imagerie par résonance magnétique), ce qui représente un budget d'environ 5 millions d'euros, a indiqué le Pr Bruno Dubois (hôpital de la Pitié-Salpêtrière), président du comité scientifique de l'Ifrad. Un tel outil permet d'avoir à la fois des images des structures cérébrales et des données de métabolisme. La convergence des deux apporte des informations précieuses, que ce soit pour la recherche ou le suivi des patients.
Si les spécialistes se montrent optimistes pour l'avenir à moyen terme, ils le sont nettement moins pour demain. Le Pr Dubois ne cache pas sa déception concernant l'efficacité des médicaments actuellement en phase III de développement (celle qui précède la commercialisation). En revanche, il vient de mener une étude sur 174 malades à un stade précoce. Elle montre qu'un médicament (le donépézil) a permis de réduire de 45% le volume de l'atrophie cérébrale de l'hippocampe (le centre de la mémoire de notre cerveau), lorsqu'il est donné pendant un an en début de maladie. Or ce traitement risque de ne plus être remboursé à 100%, comme c'est le cas actuellement pour les patients pris en charge au titre de l'affection de longue durée. Il fait partie des médicaments "symptomatiques" commercialisés dont les effets avaient été jugés "modestes" par la Haute autorité de santé en 2007 et dont le remboursement est en cours de réévaluation.
http://www.lepoint.fr/chroniqueurs-du-point/anne-jeanblanc/maladie-d-alzheimer-une-recherche-active-mais-encore-impuissante-20-09-2011-1375452_57.php

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