Ils ont 7 ans, 10 ans, voire 15 ans et ils font toujours pipi au lit. Une fois, deux fois par mois, voire toutes les nuits pour certains. Ils le vivent dans la honte, se privent du plaisir d’aller dormir chez un ami, ou de partir en classe verte, terrifiés à l’idée que l’on pourrait découvrir « leur douloureux secret ».
Traités parfois de « fainéants » ou de « gros dormeurs », ils se sentent souvent coupables. En réalité, « ils n’y sont pour rien », martèle le Dr Catherine Bloch, néphro-pédiatre au CHU-Lenval. C’est en effet dans les gènes que leurs troubles mictionnels puiseraient au moins en partie leur origine.
« On retrouve très souvent une hérédité. Ainsi, lorsque l’un des deux parents a souffert d’énurésie nocturne isolée intermittente (le nom scientifique du pipi au lit), l’enfant a 44 % de risques d’en être aussi atteint, et 77 % si ce sont les deux parents qui ont été concernés », détaille le médecin.
Confrontés à l’énurésie de leur enfant, les parents prennent souvent des mesures très coercitives. « Interdiction de boire avant le coucher, voire dès 17 h, réveils en pleine nuit pour les conduire aux toilettes, sanctions… Tout ça ne sert à rien! L’enfant se sent culpabilisé, humilié. Et il va avoir tendance à se retenir pendant la journée. En forçant ainsi son sphincter, il s’expose à des problèmes de rétention d’urine et de constipation. Avec à la clé, le risque de faire pipi, voire émettre des selles, sur lui pendant la journée! »
Le maître mot : patience!
Alors, que faire? Lorsque le pipi au lit la nuit se complique de troubles pendant la journée ou qu’il se poursuit au-delà de 6 ans, un bilan urodynamique est nécessaire. Il permet d’affiner les conseils et éventuellement de mettre en place une rééducation.
Pour les cas les plus simples, des traitements médicamenteux existent, à base de desmopressine, une molécule analogue de synthèse à l’hormone antidiurétique. Très efficaces à court terme, ces produits, largement prescrits, permettent à l’enfant de ne pas renoncer à une vie sociale. Mais attention à ne pas en abuser. « Il s’agit de traitements symptomatiques, insiste la pédiatre. Ils ne traitent pas le fond du problème.
Or, comme ça marche, on a tendance à renouveler les prescriptions, sans respecter les recommandations qui sont de traiter sur des périodes courtes, inférieures à 2 mois. » Plus efficace selon le médecin, à condition que l’enfant soit motivé, le détecteur dans la couche qui sonne dès que l’urine coule.
Et bien sûr, le respect de certaines règles hygiéno-diététiques, la première d’entre elle étant d’éviter de boire des litres. « Mais le principal conseil que je donne aux parents est de s’armer de patience et surtout de ne pas culpabiliser l’enfant. »
Une trop forte pression psychologique peut transformer un banal pipi au lit la nuit en handicap permanent.http://www.nicematin.com/article/web/pipi-au-lit-%C2%ABc%E2%80%99est-pas-ma-faute%C2%BB
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