Tomber, ça n'arrive pas qu'aux autres. Et ça peut mal se finir. C'est en substance le message qui va être délivré à partir de lundi, à l'occasion de la première Semaine nationale de prévention des chutes au domicile des seniors. Durant six jours, le Syndicat national des prestataires de santé à domicile (Synalam) et l'Association nationale française des ergothérapeutes (Anfe) vont donc diffuser de l'information et des conseils techniques. Et rappeler que les chutes des personnes âgées sont responsables de plus de 134 000 incapacités en France. Dans 30 à 50 % des cas, elles ont lieu au domicile, d'où la nécessité de sensibiliser la population à ce problème.
Selon une enquête réalisée par téléphone en France métropolitaine auprès de 300 personnes de 70 ans et plus par OpinionWay, une personne sur trois a déjà été concernée (directement ou indirectement) par une chute, mais pour 67 % des seniors le risque de décès n'est pas pris en compte. Parmi les pièces les plus dangereuses, les individus sondés citent les escaliers (44 % de ceux vivant dans une maison individuelle, 27 % résidant en appartement) et la salle de bains (30 % des personnes en appartement contre 15 % dans une maison individuelle). Et pourtant, 76 % des seniors interrogés n'ont pas l'intention d'adapter leur logement. Mais ils modifient parfois leurs habitudes de vie.
"Pour ne pas risquer de tomber dans les escaliers, les personnes vont progressivement limiter leur périmètre de déplacement", explique Élisabeth Hercberg, ergothérapeute, chargée de mission Anfe. Quitte à ne plus vivre que sur un étage. Dans la salle de bains, c'est encore plus net. "La crainte de chuter peut amener quelqu'un à limiter sa toilette", continue la spécialiste. "À ces deux pièces, j'ajouterais les toilettes, qu'il est important d'équiper d'une cuvette rehaussée et de barres d'appui. Les personnes âgées se lèvent davantage la nuit et peuvent avoir besoin de ces aides." Quant aux tapis mal fixés, ils devraient disparaître...
"Proposer des solutions d'aménagement"
Il est évident que les solutions doivent être adaptées aux besoins de chacun. Supprimer une baignoire, par exemple, n'est justifié que si elle est remplacée par une douche sécurisée. "Une des missions des prestataires de santé à domicile réside précisément dans le fait de proposer des solutions d'aménagement de chaque logement et nous voulons, par cette campagne, remobiliser l'ensemble des acteurs, grand public, politiques et intervenants de santé sur cette question", explique Olivier Lebouché, président du Synalam. Le but est aussi de faire connaître à la population concernée l'existence de nombreux dispositifs particulièrement utiles comme un siège de baignoire pivotant ou des tabourets antidérapants.
Reste le problème du financement de ces aménagements. Une loi adoptée en 2005 a prévu un crédit d'impôt de 5 000 euros par personne pour compenser jusqu'à 25 % des coûts d'équipement pour l'autonomie de vie des personnes âgées dans l'habitat. À l'usage, ce dispositif semble profiter essentiellement aux foyers les plus aisés. Dans un souci d'efficacité et de justice sociale, Muriel Boulmier, auteure de deux rapports de mission ministérielle, et Daniel Fasquelle, député du Pas-de-Calais, proposent d'aménager le dispositif fiscal existant pour étendre le bénéfice du crédit d'impôt aux membres de la famille proche qui participeraient au financement, sans que les finances publiques aient à payer davantage. De toute façon, il coûte toujours moins cher de prévenir les chutes que de traiter leurs conséquences.
http://www.lepoint.fr/chroniqueurs-du-point/anne-jeanblanc/personnes-agees-une-campagne-contre-les-chutes-07-10-2011-1381971_57.php
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