lundi 17 octobre 2011

Hôpitaux : encore trop de lits mal occupés

Pendant un jour donné, 10,3 % des lits - 5 % en chirurgie et 17,5 % en médecine - sont occupés de façon inadéquate. C'est ce que montre l'étude lancée en 2009 par la Direction générale de l'offre de soins (DGOS) pour déterminer le nombre de lits d'hospitalisation complète utilisés de manière "non pertinente et non justifiée", dans les services de médecine et de chirurgie. Elle a été réalisée dans 73 établissements de santé publics et privés répartis dans 11 régions de métropole. Elle a permis d'analyser plus de 4 200 lits de médecine et chirurgie, ce qui correspondait à près de 3 500 dossiers patients.
Ces résultats ne surprennent pas Annie Podeur, la directrice générale de la DGOS. À la limite, il semblerait même qu'il s'agisse plutôt d'une bonne nouvelle, puisque ces taux sont nettement inférieurs à ceux avancés dans la littérature (entre 20 et 30 %). Des anciens chiffres un peu approximatifs, établis à partir de données partielles et souvent dans des contextes de financement hors tarification à l'activité (T2A), alors que cette dernière tend à raccourcir les durées de séjour et donc diminuer le nombre de journées injustifiées.
Erreur d'aiguillage
Selon l'enquête, tout commence au moment de l'admission, où 3,8 % des hospitalisations sont inadéquates. Les soins auraient été plus adaptés s'ils avaient été réalisés au domicile des patients (45 % des cas), en service de soins de suite et de réadaptation (SSR, 27 %) ou encore dans des structures de soins de longue durée. Ces "erreurs d'aiguillage" s'expliquent surtout par la demande expresse d'un médecin de ville.
Ensuite, certaines journées inadéquates sont dues à un problème d'organisation interne des établissements, une attente d'avis et de diagnostic, ou au contexte familial et social des patients. En pratique, 41 % des patients auraient alors dû être pris en charge en SSR, 37 % à domicile et 20 % dans les structures de soins de longue durée.

Tout cela a évidemment un coût. Une modélisation économique l'évalue à plus de 2 milliards d'euros. Pour Annie Podeur, ce montant n'est qu'un ordre de grandeur qui ne tient pas compte notamment du coût qu'aurait eu une prise en charge adéquate. Annie Podeur rappelle en outre qu'il est impossible de descendre en deçà d'un certain taux d'inadéquations résiduelles.
La DGOS ne va pas pour autant rester inactive, mais se fixe un objectif de réduction de 50 % des lits injustement occupés en ciblant les zones et les services les plus concernés. Elle compte mener une réflexion en amont, notamment auprès des médecins généralistes, améliorer l'organisation de la permanence des soins ambulatoires, et la gestion des flux aux urgences. Des efforts devraient également porter sur la gestion des sorties, donc leur accompagnement et l'organisation des soins à domicile. Autant d'actions qui devraient éviter les séjours à l'hôpital, faute d'alternative.

http://www.lepoint.fr/chroniqueurs-du-point/anne-jeanblanc/hopitaux-encore-trop-de-lits-mal-occupes-05-10-2011-1381061_57.php

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