Parmi tous les couples cherchant aujourd'hui à avoir des enfants, un sur sept aura des difficultés et sera amené à consulter pour des troubles de la fertilité. Parmi ceux qui entameront une procédure d'aide médicale à la procréation, 3 à 4% ne parviendront jamais à avoir d'enfants. Pourquoi des cas aussi nombreux ? Sont-ils seulement mieux détectés, et les couples concernés hésitent-ils moins à franchir le pas de la médecine, ou y a-t-il aujourd'hui une réelle recrudescence des troubles de la fertilité ? Beaucoup de ceux qui penchent pour une hausse réelle des problèmes de reproduction incriminent l'environnement : mode de vie plus sédentaire, nourriture industrielle, produits chimiques aux effets mal connus dans les logements, les vêtements... Des chercheurs de l'Inserm viennent, pour leur part, d'identifier un nouveau facteur dans le contrôle de la fertilité au niveau du cerveau, dont la défaillance provoque un retard pubertaire ou une hypofertilité.
L'équipe dirigée par Vincent Prévot montre en effet qu'une hormone, la prostaglandine E2, libérée dans le cerveau par des cellules nourricières, situées dans l'environnement des neurones, est indispensable pour déclencher le processus aboutissant à l'activation des fonctions de reproduction (ovulation, etc.). Ces travaux sur l'animal sont publiés dans les comptes-rendus de l'académie des sciences américaine, les PNAS.
Le rôle crucial de la prostaglandine
La fonction de reproduction est déterminée par des événements qui prennent place dans le cerveau. Les secrétions hormonales des ovaires et des testicules dépendent étroitement de l'hypophyse, une petite glande située à la base du cerveau. Cette dernière est elle-même sous le contrôle du chef d'orchestre des glandes également situé dans le cerveau, l'hypothalamus.
Au moment de la puberté, l'activation d'une poignée de neurones très spécialisés (les neurones à GnRH) de l'hypothalamus, entraîne la synthèse d'une hormone, la gonadolibérine ou GnRH (Gonadotropin Releasing Hormone). Cette hormone stimule la synthèse par l'hypophyse d'autres hormones, qui à leur tour vont passer dans le sang pour promouvoir la croissance des gonades (ovaires, testicules) au moment de la puberté, puis pour assurer la fonction reproductive.
Depuis quelques années, les chercheurs pensaient que les neurones à GnRH devaient recevoir des informations émanant de neurones voisins pour fonctionner et enclencher le processus de la puberté. "En fait, l'hormone PGE2 (la prostaglandine) provenant de cellules nourricières (dites "gliales") joue un rôle prépondérant : elle est indispensable à la survenue de la puberté et de la fertilité", explique Vincent Prévot, du Centre de recherche Jean Pierre Aubert, à Lille. "L'identification du rôle-clé de l'hormone et de sa source, des cellules gliales, sur cette grande fonction biologique chez les mammifères ouvre de nouvelles pistes thérapeutiques pour le traitement des troubles de la fertilité", selon le chercheur. Prochaine étape : analyser les gènes de patients dont les troubles de fertilité sont d'origine cérébrale afin de trouver la cause du problème et y pallier.
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