Cette kinésithérapeute de formation n’est pas médecin et c’est le principal écueil de sa démonstration. « C’est en tant que citoyenne ordinaire que j’ai décidé d’enquêter sur le dépistage généralisé, avance cette femme de 47 ans, qui se consacre aujourd’hui à la réalisation de documentaires sur les requins. J’ai découvert qu’il y avait un gouffre entre les conclusions des études scientifiques existantes et le discours des gynécologues. » Selon elle, le dépistage généralisé est à l’origine d’un surdiagnostic — femmes à qui l’on détecte une tumeur maligne alors qu’elle n’en a pas — et donc d’un surtraitement qui se révèle inutile pour certaines patientes. Parmi les études qu’elle cite, une publication de 2008 dans la revue « Archives of Internal Medicine » révélant que 22% des cancers du sein détectés par des mammographies répétées régresseraient au point de ne plus être détectables si on faisait une seule mammographie au bout de six ans.
« Seul un non-médecin, non déformé par l’idéologie dominante, pouvait produire un tel ouvrage », se félicite pour sa part le docteur Bernard Junod, ancien professeur à la prestigieuse Ecole des hautes études en santé publique (EHESP), membre du Formindep, collectif de médecins pour une formation médicale indépendante et qui a préfacé l’ouvrage. Selon lui, c’est ce surdiagnostic qui expliquerait l’épidémie de cancer du sein constatée ces dernières années. « En fait, il y a beaucoup moins de cancers du sein qu’on ne le dit », affirme l’épidémiologiste qui estime que le dépistage généralisé devrait être supprimé, au profit d’un choix individuel et informé des patientes.
« Le phénomène du surdiagnostic est bien connu et doit se situer autour de 10%, s’insurge pour sa part Brigitte Séradour, ex-présidente de la Société française de sénologie, qui a participé à la mise en place dans les années 1990 du dépistage généralisé. C’est un vrai problème que nous ne cachons pas — notre congrès de novembre sera consacré à ce thème —, mais qui n’annule en aucun cas les bienfaits du dépistage. Ce dernier a permis de faire diminuer la mortalité par cancer du sein d’au moins 20%. »
Brigitte Séradour connaît bien Bernard Junod. « Cela fait vingt ans que je suis ses thèses, conclut-elle. Tout n’est pas faux dans ce qu’il dit. Mais sa position est excessive et, contrairement à lui, je pense qu’il vaut mieux prendre le risque d’un surdiagnostic que de passer à côté d’un vrai cancer. Les bénéfices sont supérieurs au risque. »
http://www.leparisien.fr/laparisienne/sante/cancer-du-sein-polemique-sur-le-depistage-generalise-28-09-2011-1628865.php
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