Une des multiples fonctions de la peau est de protéger le corps des rayons ultraviolets du soleil. Cette tâche est assurée par des cellules pigmentées : les mélanocytes. En libérant de la mélanine, le pigment qui colore la peau, ils protègent les autres cellules de l'épiderme (les kératinocytes) des effets cancérigènes des UV. Ce mécanisme fait parfois défaut : les personnes concernées présentent alors des troubles de la pigmentation, dont le plus fréquent est le vitiligo. Un nouveau traitement pourra sans doute leur être proposé à l'avenir grâce aux dernières découvertes de l'équipe de Christine Baldeschi de l'Institut I-STEM1 (I-STEM/Inserm UEVE U861/AFM), dirigée par Marc Peschanski.
En 2009, ces chercheurs étaient parvenus pour la première fois à obtenir des kératinocytes - les cellules qui permettent le renouvellement constant de la peau - à partir de cellules souches d'origine embryonnaire. Ces cellules embryonnaires ont deux caractéristiques fondamentales : elles peuvent se multiplier à l'infini et se différencier en tous les types cellulaires du corps humain. Forte de ses premiers résultats alors publiés dans la revue The Lancet, l'équipe a continué ses travaux. Et elle vient de franchir une nouvelle étape dans la "construction" de la peau en découvrant le procédé de différenciation qui permet d'obtenir, cette fois, des mélanocytes capables de produire de la mélanine et de s'intégrer à l'épiderme.
Maladies rares
En pratique, l'équipe du docteur Christine Baldeschi a identifié les conditions nécessaires à la différenciation des cellules embryonnaires en mélanocytes semblables à ceux naturellement présents dans la peau de l'homme. Une fois isolées et multipliées in vitro, en laboratoire, ces cellules ont les mêmes caractéristiques que des mélanocytes adultes. Ensuite, les chercheurs ont démontré que ces mélanocytes étaient à la fois capables de s'insérer au niveau de la couche la plus profonde de l'épiderme, mais aussi de communiquer avec les kératinocytes avoisinants, comme c'est le cas dans la peau "naturelle". "Cette communication cellulaire est fondamentale, à la fois pour protéger (grâce au bronzage, NDLR) les kératinocytes des stress que sont les rayons ultraviolets et pour repigmenter la peau en cas de besoin" explique Christine Baldeschi.
Pour les chercheurs, les perspectives de ce travail publié par l'académie américaine des sciences (PNAS) sont grandes. "Ces cellules prêtes à greffer, qu'il est possible d'obtenir en quantité illimitée, pourront être proposées pour le traitement des patients atteints de vitiligo, mais également pour d'autres pathologies affectant la pigmentation qui peuvent être d'origine génétique", affirme Marc Peschanski. À l'heure actuelle, la thérapie cellulaire utilisée pour traiter les troubles de la pigmentation de la peau est réalisée par autogreffe (donc après prélèvement de cellules saines chez le malade lui-même). Or, cette stratégie n'est efficace que s'il existe des zones non atteintes à côté des zones mal pigmentées, ce qui est le cas pour le vitiligo, mais pas pour de nombreuses autres maladies comme l'albinisme. De plus, le prélèvement de peau n'est pas renouvelable plusieurs fois sur la même zone.
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