Il est difficile de comprendre les raisons qui conduisent à la dépression, tant elles sont variées. La prédisposition à cette pathologie peut être d'origine génétique ou acquise, comme à la suite d'un stress intense (la perte d'un proche, un divorce) ou d'un stress continu (sur le lieu de travail ou ailleurs). Mais, chez certaines personnes, il suffit de relativement "peu de choses", après un premier épisode stressant, pour sombrer dans la maladie. Un premier stress pourrait donc laisser une trace dans le cerveau en modifiant les réseaux de neurones de façon durable. C'est ce que viennent de démontrer des chercheurs français chez le rat. Leurs résultats sont publiés dans le dernier numéro du Journal of Neuroscience.
Pour parvenir à reconnaître ces populations à risque, l'équipe de Jean-Jacques Benoliel - du Centre de recherche de l'Institut du cerveau et de la moelle épinière (UPMC Inserm U975 CNRS) à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris - s'est appuyée sur un modèle reproduisant un stress social intense chez le rat. Ce type d'événement négatif induit une modification de la structure des neurones de certaines régions du cerveau, en particulier dans l'hippocampe, qui intervient dans de nombreux processus d'apprentissage et de mémorisation. En même temps, le taux de BDNF ("brain-derived neurotrophic factor"), une molécule impliquée dans la croissance des cellules, a été fortement diminué dans cette région, mais également dans le sang des animaux.
Nouvelles perspectives
"Après quelques semaines, la moitié des rats stressés avaient retrouvé leur état normal, tandis que l'autre moitié avait conservé les modifications neuronales et un faible taux de BDNF", explique le chercheur parisien. À la suite d'un nouveau stress de plus faible intensité, les symptômes dépressifs ne sont apparus qu'au sein de ce second groupe, qui a donc été identifié comme étant une population particulièrement vulnérable. L'équipe de Jean-Jacques Benoliel a alors caractérisé la mesure du taux de BDNF dans le sang comme marqueur biologique de la prédisposition à la dépression.
Selon les chercheurs, cette étude ouvre de nouvelles perspectives visant à identifier, au sein d'une population à risque, les personnes prédisposées à développer une dépression à la suite d'un stress supplémentaire. Leur objectif est de permettre une thérapie, médicamenteuse et/ou comportementale, précoce visant à prévenir le développement de la maladie dans le cas où les individus concernés seraient, un jour ou l'autre, confrontés à une nouvelle épreuve de la vie. Mais attention, pour l'instant ces découvertes ne concernent que les rats de laboratoire... Il faudra donc encore confirmer ces résultats chez l'homme et mettre au point la stratégie préventive la mieux adaptée
http://www.lepoint.fr/chroniqueurs-du-point/anne-jeanblanc/mieux-detecter-les-risques-de-depression-16-09-2011-1374034_57.php
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