mercredi 21 septembre 2011

De criantes inégalités de santé chez les jeunes enfants

La santé des enfants scolarisés en grande section de maternelle est très différente d'une académie à l'autre. L'enquête menée par Thibaut de Saint Pol, du laboratoire de sociologie quantitative (Crest-Insee, Paris) et publiée dans le dernier Bulletin épidémiologique hebdomadaire, prouve l'existence d'un lien étroit entre l'état de santé et les habitudes de vie des élèves. D'ailleurs, c'est dans les académies où les modes de vie des jeunes sont les meilleurs que leur santé l'est aussi. Les zones où la surcharge pondérale et les problèmes de dents sont les plus fréquents sont celles où les enfants consomment des boissons sucrées tous les jours et passent beaucoup de temps devant la télévision et les jeux vidéo.
Au niveau national, 12 % des enfants de 5 à 6 ans sont en surcharge pondérale. "Mais la situation est très différente selon le sexe et varie beaucoup d'une académie à l'autre", précise Thibaut de Saint Pol. Ainsi, 14 % des filles sont en surpoids contre 10 % des garçons." Et 15 % des jeunes sont trop gros dans l'académie de Strasbourg, contre 7 % dans celle de Nantes. Globalement, la corpulence est la plus élevée dans l'est de la France. Concernant l'obésité, plus de 3 points séparent les académies des Antilles et de la Guyane (5 % d'enfants atteints) de celles de Lyon et de Nice (2 %).
"La santé bucco-dentaire, un marqueur des inégalités sociales"
"Si tous les problèmes de santé peuvent jouer sur le parcours scolaire des enfants, c'est le cas plus particulièrement de la vision", remarque Thibaut de Saint Pol. Selon son enquête, les jeunes ayant au moins un problème de vue (vision de loin, hypermétropie, strabisme, vision binoculaire, poursuite oculaire ou vision des couleurs) sont les plus nombreux dans les académies de Reims et Clermont-Ferrand (avec 30 % et 29 % de cas). À l'opposé, ils ne sont que 14 % en Corse et 13 % aux Antilles ainsi qu'en Guyane. D'autre part, 28 % des enfants voient mal et 20 % portent des lunettes dans l'académie de Caen, contre respectivement 30 % et 13 % dans celle de Reims.
Quant aux caries dentaires, elles sont les plus fréquentes au Nord, à l'Est et dans les DOM. À La Réunion, un quart des enfants inclus dans l'étude ont au moins deux dents cariées et 16 % d'entre eux ont des caries non soignées. En métropole, c'est au Nord et à l'Est que la fréquence des dents cariées est la plus élevée et que ce problème est peu traité. À l'opposé, dans l'académie de Poitiers, 7 % d'enfants ont au moins deux dents cariées dont 3 % non soignées. "La santé bucco-dentaire est aussi un fort marqueur des inégalités sociales", estime Thibaut de Saint Pol. En grande section de maternelle, 2 % des enfants de cadres ont au moins deux dents cariées non soignées contre 11 % des enfants d'ouvriers.
Cette enquête renseigne aussi sur le mode de vie des enfants, ce qui aide à comprendre ces disparités géographiques. Par exemple, c'est dans le Nord et l'Est, là où les prévalences de l'obésité sont les plus fortes, que les enfants prennent le plus de boissons sucrées (41 % à Lille et 40 % à Strasbourg, contre 14 % en Corse et 18 % à Nice). Et 6 enfants sur 10 mangent des fruits quotidiennement dans l'académie de Clermont-Ferrand contre moins d'un sur deux à La Réunion ou à Rouen (6 enfants sur 10 dans l'académie de Paris). Enfin, c'est dans les DOM - où l'obésité est la plus importante - que les enfants sont les plus nombreux à passer plus de trois heures devant la télévision ou les jeux vidéo les jours sans école (36 % pour les Antilles, la Guyane et 35 % pour La Réunion).
http://www.lepoint.fr/chroniqueurs-du-point/anne-jeanblanc/

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