La dengue pourrait être combattue en parasitant de l'intérieur les moustiques afin de les rendre incapables d'héberger et de transmettre le virus responsable de cette maladie en pleine expansion dans le monde, selon des travaux de chercheurs australiens et américains. Ces travaux, qui recourent à une bactérie inoffensive de la mouche du vinaigre pour ensemencer les moustiques Aedes aegypti, vecteurs du virus, paraissent dans l'édition de jeudi de la revue scientifique britannique Nature.
Les chercheurs australiens avaient déjà réussi, en injectant une souche de la bactérie à des moustiques, à diviser par deux leur espérance de vie, de 30 jours normalement. Mais, depuis ces résultats publiés en 2009 dans la revue américaine Science, la méthode a progressé. L'équipe dirigée par le professeur Scott O'Neill de l'université du Queensland (Australie) vient d'obtenir une transmission maternelle élevée sans trop, cette fois, altérer la forme des moustiques. Pour favoriser cette propagation de la bactérie à travers les générations de la population d'insectes, les chercheurs ont dû utiliser une souche moins virulente de la bactérie Wolbachia.
Expérimentations
Cette année, après consultation des autorités, ils ont largué dans la nature, en deux endroits du Queensland australien, des dizaines et des dizaines de milliers de moustiques infectés avec cette bactérie. Les premiers résultats suggèrent que les moustiques introduits dans l'environnement local ont prospéré au point de représenter à présent 100 % de la population à un endroit et 80 % dans l'autre. Quelques-uns ont même été retrouvés à plusieurs kilomètres de là.
Cette approche a donc permis de remplacer la population naturelle des moustiques Aedes par une autre résistante au virus de la dengue et donc incapable de transmettre la maladie virale aux humains. Cette expérience annonce le commencement d'une nouvelle ère dans le contrôle des maladies transmises par les moustiques (paludisme, etc., NDLR), commente dans Nature, un spécialiste américain Jason Rasgon.
La dengue, dite "grippe tropicale", décrite dès 1779, peut être provoquée par quatre types de virus. Il n'existe aujourd'hui ni vaccin ni traitement spécifique contre la maladie, endémique dans plus de cent pays. Selon les estimations de l'Organisation mondiale de la santé, 50 millions de personnes sont infectées chaque année, dont 500 000, surtout des enfants, développent la forme hémorragique qui tue dans au moins 2,5 % des cas. Environ 2,5 milliards de personnes sur la planète vivent dans des zones à risque, principalement dans les zones tropicales d'Asie-Pacifique et d'Amérique latine, notamment dans les zones urbaines et semi-urbaines.
http://www.lepoint.fr/sante/attaquer-les-moustiques-de-l-interieur-la-nouvelle-arme-anti-dengue-25-08-2011-1366290_40.php
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