mercredi 30 novembre 2011

Mon cœur palpite, et alors ?

Les meilleurs experts de la fibrillation auriculaire, dont le Pr Saoudi, de Monaco, étaient réunis, la semaine dernière, en Principauté (1), pour rendre leurs « conclusions » sur la prise en charge de ce trouble. Celui-ci est extrêmement fréquent, puisqu'il concerne près de 20 % de la population au-delà de 65-70 ans.
Fibrillation auriculaire : deux mots pour résumer une pathologie assez complexe.
Les précisions du Pr Gilles Dreyfus, directeur médical du Centre cardio-thoracique de Monaco :« Il s'agit d'une perturbation du rythme cardiaque provoquée par des signaux électriques désorganisés provenant des oreillettes (cavités supérieures du cœur, ndlr).
« Cette perturbation porte atteinte à l'orchestration des contractions normales, coordonnées entre les oreillettes et les ventricules (cavités inférieures, ndlr), compromettant la capacité du cœur à envoyer efficacement le sang dans le corps. » La fréquence cardiaque peut alors atteindre jusqu'à 100 à 150 battements par minute, voire plus.
Une dégénérescence du tissu électrique
Si cette maladie n'engage pas le pronostic vital, elle est source d'anxiété et très invalidante. « La plupart des malades sont alertés par des palpitations qui surviennent autant à l'effort qu'au repos ; d'autres ne ressentent aucun symptôme ou finissent par mettre le couvercle sur leurs troubles, sans plus s'en inquiéter. Au risque de le voir s'aggraver ou de perdre des chances en termes de thérapeutique. »
Des thérapeutiques qui varient selon les causes de la fibrillation. « Elle est le plus souvent liée à une dégénérescence du tissu électrique cardiaque, liée à l'âge ou à une hypertension mal ou pas contrôlée.
« Dans ces formes de fibrillation auriculaire isolée, on commence toujours par un traitement médical à base d'antiarythmiques, pour rétablir un rythme régulier, et d'anticoagulants. Le risque est, en effet, que la stagnation du sang ne favorise la formation de caillots qui peuvent migrer et provoquer une embolie cérébrale. »
L'autre traitement, plus « radical », l'ablation, est généralement proposé lorsque le trouble a moins de deux ans (c'est là qu'il est le plus efficace) ou si les patients ne répondent pas aux médicaments :« On réalise une cartographie précise du cœur et on brûle les zones électriques qui déclenchent la fibrillation… »Un traitement performant qui se fait par voie percutanée (sans ouvrir le cœur), mais long - jusqu'à six heures d'intervention - et coûteux. D'où des indications très précises.
Reste enfin la chirurgie proprement dite, réservée, elle, aux cas les plus sévères, lorsque l'insuffisance auriculaire est associée à une insuffisance mitrale (atteinte de la valve entre l'oreillette et le ventricule gauches).
Toutes causes confondues, la fibrillation auriculaire trouve une issue thérapeutique dans 70 à 85 % des cas. L'espoir de guérison par ablation étant directement lié à la précocité du dépistage.
1. Dans le cadre de la 23e Journée internationale du Centre cardio-thoracique de Monaco, qui s'est tenue le vendredi 11 novembre sur le thème « Controverses en cardiologie médico-chirurgicale ».

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