jeudi 1 décembre 2011

Une araignée qui court sur un mur, la foule qui se presse, l'image d'un serpent, la perspective d'un voyage en avion ou de vacances au bord de l'eau… suffisent à déclencher chez un phobique « stupeurs et tremblements. »
« Ce mode de fonctionnement, fondé sur la crainte, gâche l'existence, souligne Dr Jérôme Palazzolo, psychiatre à Nice. Lorsque l'on gravit les échelons de cette peur qui nous tenaille, on ose à peine sortir de chez soi, à cause de l'angoisse d'être confronté à une situation de panique. Les plaisirs du quotidien disparaissent. »
En dépit de ces symptômes très handicapants, beaucoup de personnes souffrant de phobie sont réticentes à consulter. Elles organisent leur vie autour de la phobie et parviennent ainsi, tant bien que mal, à « gérer » la situation.
« Le problème, c'est que faute de traitement, la phobie s'installe définitivement. » Et c'est d'autant plus regrettable que, comme la plupart des maladies - et la phobie en est une -, ça se soigne. Comment ?
En ciblant les trois causes bien identifiées de la phobie. Et toutes doivent être présentes pour que la maladie se déclenche.
Une origine biologique
Les patients phobiques présentent un manque chronique de sérotonine au niveau du cerveau. Aussi, « le premier traitement est sérotoninergique. On utilise des médicaments de la classe des antidépresseurs pendant une période d'environ six mois. Il s'agit d'un traitement de fond. »Une précision importante alors que, dans la réalité, beaucoup de phobiques abusent d'anxiolytiques.
« C'est catastrophique. Lorsque je vois des personnes en consultation, je suis obligé de les sevrer en benzodiazépines avant de les traiter. Non seulement ils ne sont pas efficaces contre les phobies, mais ils pourraient même, selon certaines études, provoquer un rebond d'anxiété ! »
Origine psychologique
La maladie s'ancre aussi dans la psychologie, selon le Dr Palazzolo.« La personnalité de l'individu intervient, sa façon de réagir vis-à-vis de l'environnement en fonction de son enfance, de son éducation, de ses expériences. Sa manière de vivre au présent est aussi importante, ainsi que ce qu'il anticipe pour l'avenir. » Grâce à une psychothérapie, le professionnel va tenter d'agir sur le comportement du phobique, en l'amenant à éviter d'éviter les situations angoissantes pour lui.
Il reste enfin à agir sur les pensées désadaptées négatives.« Dans l'agoraphobie, par exemple(lire ci-contre), la personne est convaincue que, si elle s'éloigne de chez elle, elle risque de faire un malaise. On va l'amener à questionner cette pensée, qui n'a aucun fondement, en la confrontant à la réalité. »
Concrètement, cette prise en charge comportementale et cognitive justifie une dizaine de séances. Dix séances pour arrêter de se « pourrir la vie » pour… rien.
http://www.nicematin.com/article/papier/phobies-eviter-deviter-un-danger-qui%E2%80%A6-nexiste-pas

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