dimanche 20 novembre 2011

Le don de sang "éthique" préservé en France

Le ministère de la Santé a finalement tranché : le don du sang en France restera "éthique". Comme le révélait lundi Le Point.fr, alors que l'Hexagone risque une pénurie de plasma, le ministère de la Santé a bien envisagé d'importer ce produit sanguin de l'étranger. Cela aurait été une première en France, où le don de sang est extrêmement encadré, en particulier depuis l'affaire du sang contaminé, et notamment régi par un principe - jusqu'ici - inaltérable : la gratuité. Un principe qui fonde l'essence même du don "éthique" français.
Mais devant le tollé suscité par cette hypothèse, jusque-là non révélée, le gouvernement a reculé. Le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, s'est montré rassurant, mardi sur France 2 : "Les conditions de dons à l'étranger ne respectent pas les principes français (don anonyme et gratuit)." Et d'affirmer avoir saisi le Haut Conseil de santé publique afin qu'il donne "un avis précis sur comment se fournir dans les mois à venir", "si jamais les problèmes" d'approvisionnement demeurent.
Gratuité
Pour pallier le risque de pénurie, l'Établissement français du sang (EFS), établissement public opérateur de la transfusion sanguine en France, avait proposé plusieurs scénarios qui permettaient d'éviter l'importation de plasma. Mais le ministère de la Santé, qui n'en a validé aucun à ce jour, s'était dans un premier temps orienté vers cette option. Une réflexion assez avancée, à tel point que les organisations syndicales de l'EFS avaient été averties dès le 4 novembre de la probable décision du ministère.
La France se serait alors tournée vers une entreprise basée en Suisse, Octapharma. Mais celui qui se revendique "leader européen des médicaments dérivés du plasma" ne peut garantir que son plasma est "100 % éthique", puisqu'il est en partie obtenu par des dons rémunérés. Un problème à même de remettre en cause ce principe fondateur de santé publique auquel les donneurs et le personnel travaillant en transfusion sont très attachés.
Car l'objectif de la gratuité est double. D'abord affirmer un choix philosophique : le corps ne peut se vendre, il est inaliénable, seul un don est possible. Mais aussi optimiser la sécurité : si le don de sang était rémunéré, il serait à craindre que certains donneurs, motivés par l'appât du gain, ne biaisent leurs réponses au questionnaire et à l'entretien préalable au prélèvement. Or celui-ci permet au médecin de déceler de potentiels risques pour le donneur ou pour la personne à qui est destiné le sang recueilli. La règle de la gratuité n'a ainsi jamais été remise en cause depuis la première loi régissant la transfusion sanguine, en 1952.
Pénurie
Le risque de pénurie n'est pas pour autant résolu. La France "fabrique" son propre plasma, en le rendant, après prélèvement, inoffensif sur le plan viral. Le plasma peut être "inactivé" par trois méthodes. La première, utilisée pour 75 % du plasma français et appelée SD, n'est possible que grâce au "solvant détergent" produit dans une usine située à Bordeaux... qui est actuellement en arrêt technique. Une autre possibilité est de traiter le plasma au bleu de méthylène (BM) : une méthode caduque depuis une décision publiée dans le JO du 3 novembre dernier, interdisant le "plasma bleu". L'arrêt concomitant de la fabrication de ces deux plasmas conduit donc inévitablement à une pénurie.
La Direction générale de la Santé (DGS) précisait mardi que la France disposait de stocks de plasma thérapeutique "nécessaires pour répondre à tous les besoins". Mais afin de garantir le maintien de ces stocks à un niveau adéquat, il a été demandé à l'EFS d'étendre la production de plasma IA, obtenu par la troisième méthode d'inactivation. Parallèlement, la DGS explique que la production et la cession de plasma BM, qui reste autorisée jusqu'au 1er mars 2012, va se poursuivre. En attendant de trouver une solution pérenne, qui garantisse un plasma 100 % éthique.
http://www.lepoint.fr/societe/le-don-de-sang-ethique-preserve-en-france-07-11-2011-1393331_23.php

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