Des cigarettes "bonbons" aux cigarillos desserts, tout est bon pour séduire de nouveaux consommateurs, notamment les femmes et les jeunes. C'est ce que prouve le mensuel 60 millions de consommateurs, qui publie, dans son numéro de novembre, les résultats d'un test réalisé par l'Institut national de la consommation (INC) en partenariat avec le Comité national contre le tabagisme (CNCT). Pour arriver à cette conclusion, les experts ont analysé en laboratoire la composition de vingt produits aromatisés, des cigarettes, des tabacs à rouler, à pipe et à narguilé, des cigarillos et des papiers à rouler. Résultats pour le moins inquiétant : près de 10 % de sucres dans un tabac à rouler et des cigarillos fortement aromatisés à la vanille.
C'est pour adoucir le goût du tabac et ainsi attirer et fidéliser de nouveaux consommateurs que les fabricants ajoutent du sucre et des arômes dans leurs produits en toute opacité, puisque la composition ne figure pas sur les paquets. Et ce comportement n'est pas attaquable puisqu'ils respectent le décret du 30 décembre 2009 qui interdit l'ajout d'édulcorants et limite la teneur en arômes de vanille et éthylvanilline dans les cigarettes. Or la dose maximale fixée ne correspond pas à un seuil sanitaire et malheureusement ce décret n'interdit pas aux fabricants de tabac de continuer à vanter les arômes de confiserie de leurs divers produits (vanille, pomme, chocolat, barbe à papa...). D'ailleurs, le flou persiste quant aux autres arômes utilisés.
Tueurs-payeurs
De plus, précise l'INC, "les autres produits du tabac ne sont pas concernés par la réglementation. Or l'étude a mis en évidence pour certains cigarillos des taux de vanilline et d'éthylvanilline jusqu'à 10 fois supérieurs à ce qui est autorisé pour les cigarettes." De même, les édulcorants sont interdits sur la manchette (papier entourant le filtre) des cigarettes, mais pas sur le papier pour le tabac à rouler. De fait, la présence de saccharinate de sodium a été notée sur l'un des deux papiers à rouler analysés. Le mensuel 60 millions de consommateurs et le CNCT regrettent que les consommateurs soient "mieux informés sur la composition d'un yaourt que sur celle d'un produit aussi nocif que le tabac". Ils demandent que la réglementation concerne l'ensemble des produits du tabac, que l'interdiction des arômes soit étendue et que l'étiquetage soit transparent.
Dans le même temps, la Ligue contre le cancer vient de lancer une nouvelle campagne choc contre les industriels du tabac. Son titre : "Tueurs-payeurs", pour répondre au principe du "pollueur-payeur". Sur son site, deux compteurs tournent en permanence : celui du nombre de morts liées au tabac depuis le 1er janvier dernier et celui des profits de l'industrie du tabac, dont la vitesse de progression est effrayante. Globalement, précise la Ligue, 15 000 personnes sont tuées dans le monde chaque jour par le tabac. 900 millions de dollars de chiffre d'affaires sont réalisés, toujours quotidiennement, par les quatre principales industries du tabac. "Dites stop ! L'industrie du tabac doit payer, insiste-t-elle. Et exigez de nos dirigeants politiques la mise en place d'un prélèvement direct et obligatoire sur les bénéfices de ces sociétés." C'est pourquoi la pétition "tueurs-payeurs" est à la disposition des internautes. L'idée est de récolter un maximum de signatures qui seront remises aux décideurs internationaux lors du prochain sommet du G20, les 3 et 4 novembre à Cannes.
http://www.lepoint.fr/chroniqueurs-du-point/anne-jeanblanc/comment-les-industriels-du-tabac-se-sucrent-25-10-2011-1388904_57.php
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