« On assiste à une dissémination mondiale d'un mécanisme de résistance appelé BLSE (Béta-lactamase à spectre étendu), responsable d'une résistance à presque toutes les pénicillines et céphalosporines et à un nombre croissant d'autres antibiotiques, signale le Dr Véronique Mondain, infectiologue au CHU de Nice.Dans la région, les E. coli porteurs de cette résistance (E. coli BLSE) représentent 6 à 12 % des E. coli, alors qu'ils représentaient moins de 2 % des souches en 2005. On est même à 100 % en Asie et dans certains pays du bassin méditerranéen. »
Longtemps associées aux infections contractées à l'hôpital, ces bactéries multirésistantes sont, aujourd'hui, présentes en ville.
Le renfort de « vieux » antibiotiques
Si les affections liées à ces germes multirésistants ne sont pas plus graves que les autres, le danger est lié au risque d'impasse thérapeutique.« On se retrouve parfois totalement démunis, sans plus aucun antibiotique à proposer », se désolent les experts. Faute de nouvelles molécules disponibles - la recherche est difficile et trop rare -, il faut alors se résigner à sortir de leur placard de « vieux » antibiotiques, « mis au rebut », à cause de leurs effets secondaires, en particulier.
Comment en est-on arrivé là ? La responsabilité est collective : usage abusif d'antibiotiques chez l'homme, traitement des animaux d'élevage (et aussi domestiques) par des doses massives de ces molécules, contamination des nappes phréatiques…
Bref, on baigne dans les antibiotiques. « Les bactéries s'adaptent, et des résistances émergent. »Avec la multiplication des contacts humains et des voyages, elles circulent ensuite librement.
Respecter les mesures d'hygiène et revenir à un usage responsable des antibiotiques, c'est aujourd'hui une urgence. Après une période de baisse, la consommation d'antibio repart à la hausse. « Les patients en réclament et les prescriptions non justifiées se multiplient. »Résultat : la France se situe aujourd'hui à la troisième place en Europe, derrière la Grèce et Chypre.
1. Le CHU de Nice, en partenariat avec de nombreux acteurs de soin, publics ou privés, de ville ou des établissements de santé, s'est organisé (ResO InfectiO PACA Est) pour mener une action multidisciplinaire intersectorielle.
Contact : schiano.m@chu-nice.fr ou 04.92.03.54.58.
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