mardi 20 décembre 2011

La grippe : et si on arrêtait de se faire peur !

La grippe est l'un des pires fléaux. La grippe espagnole a causé la mort de plusieurs dizaines de millions de personnes. Par ailleurs, chaque année, le virus de la grippe contribue au décès prématuré de 5 000 à 10 000 personnes (essentiellement âgées) en France. Prendre conscience de ce problème est une nécessité de santé publique. Mais la communication sur la grippe a pris un tour délirant, pour des raisons d'ignorance, de marketing (comme la récente annonce d'un virus "mutant" mis au point par un laboratoire de virologie hollandais) et d'erreurs de modélisation (celle des Nostradamus anglais des maladies infectieuses).
Récemment, la grippe aviaire, H5N1, a provoqué une folle inquiétude sur la planète. Rappelons que la grippe aviaire est une maladie qui touche les oiseaux, elle n'est pas une maladie à transmission interhumaine, et que son potentiel épidémique est comparable à celui de n'importe quel autre virus. Malgré toutes les prédictions, on a vu que le nouveau variant H1N1 était issu des porcs et sa marque (H1) connue pour être épidémique chez l'homme. Il n'y a pas eu d'infection interhumaine de type H5. Par ailleurs, les premiers cas rapportés d'une nouvelle maladie sont forcément des cas très graves. Car seuls les cas mortels déterminent les investigations qui vont permettre de reconnaître leur agent. Il y a donc toujours une surestimation initiale de la mortalité. Concernant la grippe aviaire, des travaux récents ont montré que, parmi les personnes en Thaïlande vivant à proximité de poules infectées, 40 % avaient été infectées, sans aucun symptôme. La grippe aviaire n'est pas une maladie interhumaine. C'est une maladie que l'on contracte auprès des animaux infectés et qui est beaucoup moins grave qu'on ne l'a prétendu.
Les modèles expérimentaux peuvent prédire à peu près ce que l'on veut, mais pas ce que deviennent les virus. L'équipe du laboratoire néerlandais qui aurait mis au point un H5N1 très dangereux s'est déjà profondément trompée en créant un modèle de H1N1, prétendant que le virus était plus grave que la grippe ordinaire. Quant à l'équipe des modélisateurs anglais, elle avait prédit que H1N1 serait plus grave que la grippe ordinaire. Les deux équipes se sont trompées, ce qui ne les empêche pas d'allumer encore une fois un affolement, qui justifiera qu'elles aient des subventions considérables pour pouvoir travailler sur ces sujets non confirmés. Toutefois, les censurer n'aurait pas de sens.
Nous savons aujourd'hui que la grippe espagnole a tué dans 90 % des cas par surinfection bactérienne et non parce que le virus était plus agressif, ce qui laisse à penser qu'il n'y aura plus d'épidémie comparable à la grippe espagnole. Désormais, nous avons des antibiotiques et nous devons réfléchir au meilleur moyen pour traiter les grippes à fièvre prolongée, et pour détecter systématiquement chez ces patients les bactéries (pneumocoques, streptocoques et staphylocoques) associées qui justifient un traitement. Un problème qui, lui, est urgent.
http://www.lepoint.fr/invites-du-point/didier_raoult/la-grippe-et-si-on-arretait-de-se-faire-peur-06-12-2011-1404508_445.php

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