samedi 3 décembre 2011

Vers un diagnostic plus précis du cancer de l'ovaire

Et si on pouvait prévoir l'évolution du cancer de l'ovaire ? L'équipe "Stress et Cancer", dirigée par Fatima Mechta-Grigoriou (Institut Curie/Inserm), vient de découvrir deux marqueurs spécifiques - les chercheurs parlent de "signatures moléculaires exclusives" - pouvant permettre de diagnostiquer cette maladie dépistée chez 4 600 femmes chaque année.
Actuellement, en raison de la situation anatomique des ovaires, une tumeur à cet endroit peut atteindre un volume important avant de provoquer des symptômes incitant à consulter, ce qui explique que le diagnostic est souvent tardif. Le traitement repose alors principalement sur une combinaison de chirurgie et de chimiothérapie. Le choix entre les différentes options thérapeutiques est fonction de la morphologie des cellules tumorales, de leur taux de prolifération, de l'extension de la maladie...
Il faudra sans doute désormais ajouter à cette liste l'analyse des "altérations génétiques", la fameuse signature moléculaire mise en évidence par les chercheurs. L'équipe a, en effet, trouvé le moyen d'établir le pronostic d'évolution de la maladie, le risque que les cellules tumorales se multiplient très vite ou aillent former des métastases. Ce travail a été publié sur le site internet de la revue Nature Medicine du 20 novembre.
Pour l'expliquer ces résultats, il faut rappeler que la respiration est à l'origine de la production de dérivés de l'oxygène qui peuvent agresser la cellule. Cette contrepartie a pour nom le "stress oxydant". Le plus souvent, la cellule élimine ce stress toxique. Toutefois, lorsque les cellules sont débordées ou qu'elles ne disposent pas de ressources anti-oxydantes suffisantes, ce stress provoque des altérations, favorisant le développement des cancers. Et, selon les modèles animaux étudiés par Fatima Mechta-Grigoriou et son équipe, l'existence de la signature "stress oxydant" accélère le développement des cancers de l'ovaire. En même temps, elle améliore aussi la réponse au traitement. Donc, si des cellules tumorales souffrant d'un stress oxydant se multiplient très vite, elles meurent aussi plus facilement des suites du traitement.
L'autre signature du cancer de l'ovaire a pour nom "fibrose". Cette fibrose (ou transformation fibreuse d'un tissu) est en l'occurrence le résultat d'une modification de certaines propriétés des cellules tumorales. Malheureusement, cela augmente leur capacité à disséminer, à migrer et donc à aller former des métastases. La signature "stress oxydant" est donc finalement de meilleur pronostic que la signature "fibrose", conclut Fatima Mechta-Grigoriou. En collaboration avec le Dr Xavier Sastre-Garau, pathologiste, et le Dr Paul Cottu, oncologue à l'Institut Curie, elle tente actuellement de mettre au point un test permettant d'identifier facilement, chez les femmes atteintes d'un cancer de l'ovaire, celles qui sont porteuses d'une tumeur de type "stress oxydant" ou "fibrose". Le but est évidemment de mieux adapter la prise en charge thérapeutique.
http://www.lepoint.fr/chroniqueurs-du-point/anne-jeanblanc/vers-un-diagnostic-plus-precoce-du-cancer-de-l-ovaire-21-11-2011-1398554_57.php

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