lundi 27 février 2012

Villefranche-de-Rouergue Pour accoucher "en se sentant comme chez soi"

Le centre hospitalier de Villefranche a inauguré, vendredi, la première Maison de naissance de Midi-Pyrénées.
Un grand lit où le couple peut s’étendre, baignoire, musique douce... La nouvelle salle de travail non médicalisée pour les femmes désirant accoucher naturellement à l’hôpital de Villefranche-de- Rouergue (Aveyron) se veut un cocon pour la mère et l’enfant. "Nous avons cherché à créer une atmosphère de “zénitude” totale, pour donner le sentiment de materner la mère", expliquait, vendredi lors de l’inauguration de cet équipement, la responsable de la maternité, la gynécologue-obstétricienne Anne-Marie Bader.

"On se sent vraiment comme chez soi, pas dans un hôpital", se réjouit Stéphanie Boudou, 29 ans. Elle vient de donner naissance à sa fille Manon dans cette pièce "rassurante", qui ne ressemble en rien à une salle de travail traditionnelle avec lit à une place, étriers, masques, écrans de moniteurs... La "salle physiologique de préparation à l’accouchement" de Villefranche, la première en Midi-Pyrénées, correspond aux Maisons de naissance mises à l’essai dans quelques hôpitaux comme Strasbourg ou Angers, note le défenseur de ces structures novatrices, le Pr Israël Nisand, gynécologue strasbourgeois venu pour l’inauguration de ce nouveau lieu.
À côté des salles de travail classiques
Dans la salle aux murs gris clair, un investissement de 130 000 €, "le lit est assez grand pour que le mari soit allongé avec sa femme, pour qu’il prenne une part active au travail", note Mme Bader. A côté, la baignoire est remplie d’eau chaude pour que la mère s’y relaxe pendant les contractions, et l’accouchement lui-même se fait sur le lit, en position accroupie. Le local, qui respecte les normes d’un centre hospitalier, est séparé par un simple couloir des salles de travail classiques où la parturiente peut être dirigée en cas de complications. Mme Boudou, infirmière, avait fait le choix d’une naissance naturelle pour son deuxième enfant, afin de "vivre l’accouchement complètement", sans péridurale ou autre moyen pour limiter la douleur. "Même si les contractions étaient douloureuses, je devais ressentir ça pour me sentir vraiment maman", confie-t-elle.
Une musique douce et une lumière tamisée créent une ambiance de "relaxation, comme à la maison : il n’y a pas de parasites comme le bip-bip des appareils de contrôle" des salles médicalisées. Après l’accouchement, la petite Manon ne lui a pas été arrachée pour la pesée et les examens : "Elle est restée nue sur ma peau pendant deux heures. On était seuls avec son papa, tous les trois", se souvient Stéphanie Boudou. Mais faire ce choix, souligne-t-elle, n’est pas un refus du médical. Elle n’aurait pas voulu accoucher chez elle : "En aucun cas je n’aurais souhaité mettre la vie de ma fille et la mienne en danger, il me fallait la sécurité d’un hôpital à côté."
Le Pr Israël Nisand, qui a fait installer huit "salles physiologiques" au CHU de Strasbourg, est formel : "Je suis contre les Maisons de naissance expérimentées en dehors des hôpitaux", dit-il, rappelant que si 85 % des accouchements se déroulent normalement, il y a toujours un risque. Sans compter que de nombreuses femmes ayant fait le choix d’un accouchement naturel, démédicalisé, sans intervention (injections, péridurale...) pour faire diminuer les souffrances, changent d’avis au moment des premières contractions : seules 3 à 4 % de ces futures mères vont jusqu’au bout de leur démarche, reconnaît Mme Bader.
http://www.midilibre.fr/2012/02/25/pour-accoucher-en-se-sentant-comme-chez-soi,462759.php

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