jeudi 16 février 2012

Un coeur artificiel pour des patients à bout de souffle

Cela fait des décennies qu'on l'attend. Une attente d'autant plus pressante que le nombre de greffons continue de diminuer, pendant que les patients souffrant d'insuffisance cardiaque grave, et relevant d'une transplantation, sont, eux, toujours plus nombreux. Si le Jarvik 2000, dernier né des « cœurs artificiels » ne constitue pas ce « cœur définitif » dont chacun rêve, il est aujourd'hui un espoir tangible pour ces malades dont la vie n'est souvent plus suspendue qu'à un fil. Le Pr Gilles Dreyfus, directeur du Centre Cardiothoracique (CCT) de Monaco est l'un des rares experts au monde à réaliser cette assistance circulatoire. Il en détaille les mécanismes. « Il s'agit d'une pompe axiale que l'on implante dans la pointe du ventricule gauche et qui va aider le cœur défaillant ou s'y substituer, en assurant un débit sanguin à un niveau normal. »
Des critères très stricts
Cet appareil présenterait, selon le chirurgien, plusieurs avantages par rapport aux autres dispositifs. « Il est miniaturisé - il pèse à peine 90 grammes - et d'une grande fiabilité ; jusqu'à présent on ne lui connaît aucun dysfonctionnement mécanique. Il a par ailleurs une plus faible consommation d'énergie. »Enfin, et il ne s'agit pas là du moindre de ses atouts, « la connexion électrique s'effectue au moyen d'un câble très fin qui relie le Jarvik à une minuscule prise électrique implantée derrière l'oreille (sur l'os occipital) et peu visible. » Un dispositif qui limiterait considérablement le risque d'infections, par rapport à un implant au niveau abdominal. « Le patient peut ensuite réguler lui-même le débit sanguin de sa prothèse grâce à un petit boîtier extérieur (de la taille d'un téléphone portable) porté à la ceinture. De ce fait, il a la possibilité de faire du sport, de se déplacer à sa guise… De vivre quasi normalement, en adaptant le débit à ses activités. » Aujourd'hui, ils sont à peine 550 patients dans le monde à avoir été implantés d'un cœur artificiel gauche de ce type. Dont 20 en France. Parmi eux, André Robilliart, un Mentonnais de 49 ans, opéré par l'équipe du Pr Dreyfus, en novembre dernier (lire par ailleurs). « Ce dispositif d'assistance circulatoire, très coûteux(environ 80 000 euros, N.D.L.R.), est réservé aux patients correspondant parfaitement aux critères d'implantation » insiste le Pr Dreyfus. Le premier de ceux-ci est tout simplement l'absence d'alternative - faute de cœurs disponibles à greffer -, pour des malades en insuffisance cardiaque terminale, à l'instar d'André. « Grâce au Jarvik, on pourra au moins aider quelques personnes, chaque année, à sortir de l'impasse », témoigne modestement le Pr Dreyfus.
D'ores et déjà, un Jarvik pédiatrique a été développé. Avec le recul encore modeste dont on dispose, on peut simplement affirmer que le taux de survie avec un cœur artificiel est voisin de celui de la greffe. Soit au moins 5 à 10 ans. Un temps gagné inespéré pour des patients à bout de souffle.
http://www.nicematin.com/article/papier/un-coeur-artificiel-pour-des-patients-a-bout-de-souffle.776254.html

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