lundi 16 mai 2011

Vers un cercle de donneurs élargi

Le projet de révision de la loi de bioéthique, actuellement en discussion au Parlement, devrait comporter un élargissement du cercle des donneurs vivants. Le Dr Cassuto-Viguier, médecin responsable du programme de Transplantation Rénale de PACA-Est Haute-Corse, y est très favorable.
Pourquoi vous semble-t-il si important d'élargir le cercle des donneurs ?
La lutte contre la pénurie de greffons passe par le recours à toutes les solutions, le don après la mort et le don du vivant.
La France est aujourd'hui à la traîne de l'Europe dans le domaine de la greffe de rein, parce qu'elle a misé de manière quasi-exclusive sur les organes provenant de donneurs en état de mort encéphalique, au détriment des autres possibilités... et des patients.
Quelle est la situation actuelle concernant le don du vivant ?
Depuis 2004, le cercle des donneurs n'est plus limité aux personnes génétiquement apparentées. Il est ouvert au conjoint et au concubin à condition de justifier d'une vie commune de plus de deux ans.
La nouvelle loi va plus loin en ouvrant la possibilité du « don croisé ».
De quoi s'agit-il ?
Imaginez que dans un couple, le mari souhaite donner son rein à sa femme mais ils ne sont pas compatibles. Grâce au don croisé, l'échange va pouvoir se faire via un autre couple qui vit la même situation.
La France est aujourd'hui le seul pays d'Europe, avec le Portugal, à ne pas autoriser ce type de don.
L'ami(e) cher(e) devrait aussi bientôt intégrer le cercle des donneurs. Mais qui est-il ?
La loi fait référence à « toute personne ayant un lien affectif étroit, stable (plus de 2 ans) et avéré avec le receveur ». Et dans la pratique, c'est souvent cet ami que l'on voit au lit du patient. Et non le cousin... Aussi, je soutiens fermement, dans l'intérêt du patient, l'inscription de cet « ami cher ».
Qu'attendez-vous de l'évolution de la législation sur le don d'organes ?
On espère pouvoir greffer un nombre plus important de patients, sachant qu'aujourd'hui, seul un tiers des personnes en attente d'un rein, principale indication du don du vivant, sont greffées. Et parmi elles, moins de 10 % bénéficient d'un rein issu d'un donneur vivant, contre 40 % aux Etats-Unis. C'est pourtant la meilleure méthode en termes de qualité et d'espérance de vie, mais aussi de coût sociétal.
Avec l'élargissement du cercle de donneur, ne peut-on craindre un risque de marchandisation du don ?
Il n'est pas totalement exclu, mais il peut même exister au sein d'une famille. Il faut simplement savoir que la législation française sur le don du vivant est probablement la plus contraignante au monde. Le donneur effectue un bilan médical complet, puis rencontre longuement un comité composé de médecins, psychologues, avant de donner son consentement « libre et éclairé » au président du tribunal de grande instance.

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