mercredi 11 avril 2012

Moustiques et maladie : il n'y a plus de frontières !

L'impact des changements environnementaux sur la santé humaine. C'est autour de ce sujet très brûlant que se sont réunis la semaine dernière, à l'initiative du Centre scientifique de Monaco, présidé par le Pr Rampal, les meilleurs experts internationaux dans le domaine des maladies vectorielles (1). Parmi eux, Pascal Delaunay, praticien hospitalier au CHU de Nice. L'entomologiste médical a insisté sur l'impact des transports internationaux dans la dissémination des maladies vectorielles. En citant, comme premier exemple, le paludisme, une maladie infectieuse due à un parasite du genre plasmodium, propagée par la piqûre de certaines espèces de moustiques anophèles : « Nous avons mis en évidence des cas autochtones, liés au transport de moustiques dans l'avion et surtout dans les valises. » Alors qu'autrefois, les bagages étaient exposés à des températures extrêmement basses qui diminuaient la survie du moustique, désormais, nos valises sont stockées dans des soutes climatisées et pressurisées : « Des insectes, à l'abri entre deux vêtements, parviennent à survivre. Et c'est ainsi qu'en ouvrant ses valises, on peut libérer un moustique qui s'y est caché. »
Un cas recensé en Corse en 2007
Alors que l'Europe du Sud accueille de plus en plus de migrants, susceptibles de porter le parasite dans leur sang, la présence sur place du vecteur expose au risque de transmission autochtone de paludisme. Un cas de cette nature était ainsi recensé en 2007 en Corse. Plus récemment, c'était chez un couple de Tropézien que l'on diagnostiquait un paludisme. « L'enquête a montré que ce couple avait été piqué par un moustique infesté alors qu'il séjournait dans un hôtel situé à 15 km de l'aéroport d'Orly, où il avait atterri de retour d'un voyage en région subtropicale. Le même insecte, caché dans leurs valises - on a retrouvé une souche identique de plasmodium dans leur sang - les avait piqués pendant cette nuit à l'hôtel. Et c'est à Saint-Tropez où ils se sont rendus ensuite qu'ils ont développé un paludisme. »
Heureusement, le système de vigilance est très efficace et permet d'éviter toute propagation. « Si le plasmodium survit quelques semaines dans le sang, la rareté du moustique vecteur sur notre territoire limite quoi qu'il en soit le risque de propagation. »
La situation est différente concernant la dengue et le chikungunya. L'insecte vecteur, le moustique tigre, est désormais bien implanté dans nos régions, d'où le risque d'épidémie. Mais celui-ci reste faible du fait de la présence très limitée dans le temps - une seule semaine - des virus dans le sang. « D'où un risque de propagation quasi nul. »Une information rassurante mais qui ne doit pas inciter à négliger les nécessaires mesures de prévention, en tête desquelles assécher au maximum les abords de son domicile.
1. Le colloque « Environmental Changes & Human Health » s'est tenu à Monaco le 23 mars, organisé par l'Institut Pasteur, le Centre scientifique de Monaco et la Fondation Prince Albert II de Monaco.

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