lundi 3 février 2014

Jugés plus dangereux qu'utiles, 68 médicaments qu'il vaut mieux éviter

La revue indépendante «Prescrire» qui déplore «une année de plus sans progrès important apporté par de nouveaux médicaments a remis à jour sa liste de produits «plus dangereux qu’utiles».
La revue médicale indépendante Prescrire a publié une liste de 68 médicaments à éviter en raison des risques qu’elles font courir aux patients qui les prennent.
«L’année 2013 est une année de plus sans progrès important apporté par de nouveaux médicaments», a indiqué le directeur de sa rédaction, Bruno Toussaint, précisant que la revue avait renoncé à décerner sa traditionnelle «Pilule d’or» en 2013, pour la sixième année consécutive.
La revue, qui se finance exclusivement par ses abonnements et refuse toute publicité par souci d’indépendance, n’a pas non plus placé de médicaments à son «Tableau d’honneur» 2013 (catégorie qui met en valeur un «progrès net pour certains patients»).
Mais elle a décidé de citer dans son «Palmarès» (qui salue une «amélioration modeste») le Nimerix (GSK), un vaccin contre la méningite à méningocoques de type A, C, W135 et Y destiné aux enfants de 1 à 2 ans devant voyager en zone d’épidémie.
Ce vaccin, a estimé M. Toussaint, «a contribué à améliorer la prévention chez certains nourrissons».
La revue Prescrire indique par ailleurs avoir remis à jour sa liste des médicaments «plus dangereux qu’utiles» qui devraient être écartés «dans l’intérêt des patients».

Servier épinglé pour son Protelos

Se fondant sur des études réalisées entre 2010 et 2013, la revue liste 68 médicaments «dont la balance bénéfices-risques est défavorable dans toutes les situations cliniques pour lesquelles ils sont autorisés».
Parmi ces médicaments, certains présentent des risques «disproportionnés par rapport aux bénéfices qu’ils apportent» comme par exemple le strontium ranélate (Protelos), utilisé dans le traitement de l’ostéoporose à risque élevé de fractures, mais qui peut entraîner des troubles neurologiques et cardiovasculaires graves pouvant aller jusqu’au décès. L’Agence européenne du médicament (EMA) vient d’ailleurs de recommander la suspension du marché du Protelos des laboratoires Servier.
La revue cite également la quinine (Hexaquine, Okimus, Quinine vitamine C Grand), utilisée pour traiter les crampes mais qui expose également à des effets indésirables graves voire mortels comme des réactions anaphylactiques (réactions allergiques graves) ou des troubles hématologiques alors que leur efficacité est jugée faible.
La revue déconseille aussi la prescription du dompéridone (Motilium) pour les reflux gastro-oesophagiens, soulignant que d’autres médicaments nettement moins dangereux existent.
De même, l’Izilox (moxifloxacine), un antibiotique de la famille des quinolones, n’est «pas plus efficace que d’autres» mais expose à des syndromes de Lyell (une atteinte brutale et grave de la peau, potentiellement mortelle) et à des hépatites graves.
Prescrire s’en prend par ailleurs aux médicaments de la maladie d’Alzheimer disponibles qui ont «une efficacité minime et transitoire» mais qui peuvent exposer à des effets indésirables graves lorsqu’ils sont prescrits en association avec d’autres médicaments.

Mardi, un 3e plan cancer

Le troisième Plan cancer, qui sera dévoilé mardi par François Hollande, devrait mettre l’accent sur la lutte contre les inégalités sociales et territoriales face à une maladie qui reste la première cause de décès en France. En décembre 2012, François Hollande soulignait déjà que «le risque de mourir» d’un cancer «entre 30 et 65 ans (était) deux fois plus élevé chez les ouvriers que chez les professions libérales». Le chef de l’Etat avait à cette date donné le coup d’envoi aux travaux préparatoires du 3e Plan, demandant au professeur Jean-Paul Vernant d’élaborer un ensemble de «recommandations» pour lutter contre une maladie qui fait près de 150.000 morts par an. Huit mois plus tard, ce spécialiste d’hématologie à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris) livrait un épais et complet rapport, appelant à des «mesures correctrices» contre des inégalités sociales et territoriales encore «très marquées», réaffirmant la nécessité de l’absence de reste à charge, c’est à dire de tous frais non remboursés entraînés par la maladie. Il avait aussi poussé un coup de gueule contre les tarifs de plus en plus exorbitants appliqués par l’industrie pharmaceutique sur les nouvelles thérapies ciblées contre les cancers.

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