vendredi 4 octobre 2013

Traitement du cancer : le pionnier récompensé pour ses travaux

Le Toulousain (et Tarnais !) Jean-Philippe Girard vient de recevoir la médaille d’argent du CNRS pour ses travaux sur le rôle des vaisseaux sanguins dans le traitement du cancer. Une recherche qui a débuté il y a plus de vingt ans à l’université d’Harvard !
On imagine que ce Tarnais d’origine aurait pu mettre sa solide charpente au service du rugby. Raté ! Ce petit-fils d’un mineur de Carmaux, à qui son grand-père avait dit : «Il faut que tu sois ingénieur !» a été un champion régional de tennis de table ! Comme si la vie, en l’exerçant à taquiner les petites balles blanches glissant au-dessus d’un filet, le prédestinait à tout savoir des petits globules blancs qui passent à travers les mailles des vaisseaux sanguins !
Jean-Philippe Girard vient, à 47 ans, de recevoir la prestigieuse médaille d’argent du CNRS, qui récompense une avancée spectaculaire de la recherche dans le domaine du cancer. Une récompense qui salue un parcours atypique : «D’habitude, la fuite des cerveaux, ce sont des Français qui sont formés ici et qui exportent leurs bonnes idées aux États-Unis. Moi, c’est le contraire : j’ai ramené des États-Unis une recherche que j’ai poursuivie en France».

«Au cœur de la cellule»

Jean-Philippe Girard, après ses études à Albi, a intégré l’INSA de Toulouse avant de choisir la biologie. «On plonge au cœur de la cellule, dans les mécanismes du vivant, et cela me passionnait !» La recherche fondamentale lui permet cette fascinante exploration, mais «il me manquait la dimension biomédicale.» Voilà comment il est parti pour Boston, à la prestigieuse université de Harvard. Et c’est là qu’il va débuter ce qui sera le cœur de sa recherche pour les vingt années à venir. Et qui lui valent aujourd’hui cette pluie de médailles.
Cette recherche porte sur les vaisseaux sanguins. Jean-Philippe Girard a découvert et expliqué un curieux mécanisme. A certains endroits, comme dans les ganglions, par exemple, nos vaisseaux disposent de sorte de petites portes dérobées par lesquelles passent des globules blancs, les lymphocytes. Ces «zones à péages», il les a appelées les vaisseaux HEV.

Guerre de tranchées

Or, on sait aussi que certains lymphocytes, que les scientifiques appellent les lymphocytes tueurs, sont très efficaces contre le cancer. Le hic, c’est que s’il n’y a pas les vaisseaux HEV pour les laisser passer et aller faire leur boulot, ils ne servent à rien. Même dans le cas où ces «tueurs» ont été cultivés, et réinjectés chez certains patients dans le cadre de traitement.
Première conséquence : on s’est rendu compte, dans le cancer du sein, que certaines patientes disposaient de beaucoup de ces vaisseaux HEV. Dans ce cas, les «tueurs» peuvent aller «nettoyer» les tumeurs et la patiente guérit plus vite. Or, justement, dans les cancers, on cherche plutôt à boucher les vaisseaux sanguins, car ils alimentent… la tumeur !
Donc, il faut savoir si les patientes sont plus ou moins bien dotées en HEV, pour savoir si oui ou non, il faut agir sur les vaisseaux !
On avance à pas de géant ! Car on en est au point où l’on cherche, grâce à certaines molécules, à transformer des vaisseaux sanguins normaux en vaisseaux HEV : c’est comme en 14, on saura bientôt creuser les tranchées pour approcher les combattants au plus près de l’ennemi ! Et cette guerre-là, tout le monde veut la gagner !

http://www.ladepeche.fr/article/2013/10/04/1723781-traitement-du-cancer-le-pionnier-recompense-pour-ses-travaux.html

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