A quelques jours de passer devant ses pairs, Krista Guilliams, sage-femme libérale exerçant à Port-Sainte-Marie, oscille entre détermination et colère. Demain, il sera question de s'expliquer sur la plainte déposée par l'Ordre des sages-femmes de Lot-et-Garonne, l'accusant de « mise en danger de femmes enceintes et nouveau-nés, pour cause de pratique dangereuse. »
« Pour moi, c'est le procès de l'accouchement à domicile, tonne la praticienne. Cela fait huit ans que j'exerce, je n'ai jamais eu de cas de transfert en urgence, de décès ou de morbidité aussi bien chez la mère que chez le nourrisson. »
Ce qui motive cette plainte portée par l'Ordre départemental des sages-femmes est le signalement de six transferts qui n'auraient pas été réalisés dans les conditions optimales, après enquête auprès des établissements de santé. Ce que conteste Krista Guilliams. « Mon rôle est d'accompagner les femmes à domicile, lors d'un accouchement physiologique. À partir du moment où cela bascule vers le pathologique, ce n'est plus de mes compétences et j'estime avoir suivi toutes les mesures de sécurité. Aucune patiente n'a jamais porté plainte contre moi. D'ailleurs, sur les six transferts qui me sont reprochés, quatre femmes concernées ont fait des lettres en ma faveur. »
L'Ordre des sages-femmes de Lot-et-Garonne a indiqué « ne pas pouvoir s'exprimer sur le sujet, tant que le dossier était en cours d'instruction. »
En jeu, son droit d'exercer
Krista Guilliams, affectée par cette procédure, ne veut « rien lâcher », de peur que les sages-femmes qui accouchent à domicile disparaissent définitivement. « J'ai le sentiment que l'on veut nous faire peur. J'ai fait ce métier pour pouvoir accompagner les femmes durant toute leur grossesse et même après. Avant d'accepter d'être leur sage-femme, on parle ensemble de leur projet de naissance et il m'arrive de les réorienter, pensant que je ne suis pas la personne qu'il leur faut. » Krista Guilliams intervient jusque dans le Gers ou encore en Dordogne, parfois en pleine nuit et déplore la disparition des sages-femmes qui pratique l'accouchement dans les départements limitrophes. Pour elle, l'essentiel réside dans le choix de ces femmes à qui elle n'omet jamais de parler des risques que cela peut comporter.
« À chaque grossesse, je demande systématiquement aux mamans de s'inscrire tout de même dans une maternité. Si je devais revivre ces accouchements, je n'agirais pas autrement. C'est insupportable de m'imaginer sur le banc des accusés. »
Demain, Krista ne fera pas seule le déplacement à Toulouse. Des covoiturages s'organisent. Parmi ses soutiens, des professionnels de santé, des sages-femmes, des patientes mais aussi des syndicats. En jeu, son droit à exercer puisqu'une demande de radiation a été faite à son encontre.
« Je ne me laisserai pas éliminer si facilement », conclut-elle. Le Conseil interrégional aura un mois pour délibérer.
http://www.sudouest.fr/2014/03/06/pour-moi-c-est-le-proces-de-l-accouchement-a-domicile-1481793-3802.php
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