La société alsacienne Defymed, qui a mis au point le premier pancréas bio-artificiel, a monté un consortium transrégional avec des entreprises et des laboratoires lorrains. Ceci, pour tester la résistance et l’étanchéité du dispositif destiné à être implanté chez des patients diabétiques.
Éviter le rejet
Defymed, une société de biotechnologie alsacienne, a mis au point Mailpan®, le premier pancréas bio-artificiel implantable pour le traitement de patients diabétiques de type 1, insulinodépendants. Ces malades ont pour seul traitement l’administration d’insuline soit par injection quotidienne, soit en continu via une pompe ou par greffe de pancréas ou d’îlots pancréatiques, des groupes de cellules qui synthétisent et sécrètent l’insuline. Cette dernière technique est limitée par le manque de pancréas disponible pour la greffe, mais aussi parce qu’elle implique, pour le patient, un traitement antirejet aux effets secondaires pouvant être néfastes.« Le gros avantage de notre dispositif Mailpan®* est d’éviter le phénomène de rejet car les cellules productrices d’insuline ne sont pas au contact du système immunitaire du patient » , précise Séverine Sigrist, coordinatrice du projet de pancréas bio-artificiel au Centre européen d’études du diabète (CeeD) à Strasbourg.
Après la mise au point de Mailpan®, il faut maintenant tester sa résistance aux torsions, chocs, étirement et vieillissement, avant de débuter les essais cliniques chez l’homme, afin d’être sûr que le dispositif ne se rompra pas dans l’organisme.
C’est pour mettre au point ces tests et vérifier la solidité du dispositif que le projet Mecabarp a été monté avec la Lorraine (lire ci-contre). « Des laboratoires spécialistes de la résistance des matériaux à Metz et Nancy ont les compétences pour conduire ces essais , reprend Séverine Sigrist. Mais tout est à inventer pour concevoir des essais adaptés notre dispositif qui est un biomatériau. » Elle relève ainsi que le laboratoire Micromecha, à Metz, a un banc d’essai couplé à de la microscopie électronique. « Notre poche, c’est de la nanotechnologie. Pouvoir suivre par imagerie la déformation éventuelle des pores de la paroi de cette poche est essentiel. »
« L’objectif est d’arriver, au bout des trois ans du projet, à avoir un banc d’essai unique et multifonctionnel, mimant aux mieux les sollicitations mécaniques auxquelles sera soumis le Mailpan après son implantation » , indique de son côté Richard Bouaoun, directeur de la recherche et du développement de Defymed, Outre l’innovation que constituerait la mise au point d’un tel banc d’essai, y compris pour d’autres organes bio-artificiels, un tel outil permettrait aussi de fortement diminuer les essais chez l’animal, porc et primates, coûteux économiquement mais aussi éthiquement.
Première implantation chez l’homme fin 2015
« Depuis le scandale des prothèses PIP, la réglementation s’est renforcée, notamment sur les tests de résistance mécanique , souligne encore Séverine Sigrist. Autant anticiper l’apparition de nouvelles normes pour les prothèses médicales de ce type. »« L’impact du projet Mecabarp, lancé au début de cette année, est important pour les deux régions concernées, l’Alsace et la Lorraine , indique Richard Bouaoun. Il est générateur d’emplois : six postes ont déjà été créés et d’autres devraient suivre. Il augmente aussi la compétitivité des PME concernées, et cela au niveau mondial. Enfin, si tout va bien, la première implantation chez l’homme d’un pancréas bio-artificiel devrait se faire fin 2015… »
http://www.lalsace.fr/bas-rhin/2014/03/29/le-pancreas-bio-artificiel-teste-sa-resistance-en-alsace-et-en-lorraine
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