lundi 12 avril 2010

La gestion de la grippe passée au scanner

Près d'un an après l'apparition du virus de la grippe A/H1N1, on ne parle plus aujourd'hui de pandémie... mais plutôt de problèmes de gestion. Certains membres du Conseil de l'Europe, qui a créé une commission d'enquête, ont critiqué avec virulence l'Organisation mondiale de la Santé alors que la polémique enflait dans de nombreux pays sur les millions de vaccins inutilisés promis à la destruction. Les campagnes de vaccination avaient été recommandées par l'OMS, mais elles ont été boudées par des populations réticentes alors que le nombre de morts se révélait moins élevé qu'initialement craint
En réponse à des accusations selon lesquelles elle a exagéré la menace de la première pandémie du XXIe siècle sous l'influence des laboratoires pharmaceutiques, amenant ses 193 pays membres à acheter bien plus de vaccins que nécessaire, l'OMS a formé un comité de 29 experts "indépendants". Leur première réunion, qui doit durer trois jours, s'ouvre ce lundi en présence de la directrice générale de l'OMS, Margaret Chan.

"Si on regarde la pandémie de H1N1 actuelle, elle nous a montré que nous avons encore beaucoup de choses à apprendre sur la manière de mieux faire", reconnaissait récemment le conseiller spécial de l'organisation pour les grippes pandémiques. Mais nombre de spécialistes défendent la réaction rapide de l'OMS après la découverte du virus d'origine porcine au Mexique et aux Etats-Unis en avril 2009, même s'ils soulignent qu'elle n'est pas sans défauts. "Je pense qu'ils ont fait preuve d'autorité. Il y a beaucoup de choses pour lesquelles nous devrions les remercier", estime John Oxford, professeur de virologie à l'hôpital royal de Londres. "Beaucoup de critiques sont politiques. Aucun virologue n'a fait de critiques".

Principe de précaution

Pour David Heymann, ancien responsable des maladies contagieuses à l'OMS, "il faut améliorer les perceptions" de la vaccination, meilleur moyen de protéger la population, y compris les plus vulnérables. Mais il suggère aussi que les experts devraient réfléchir à la prise en compte de la question de la virulence et de la gravité du virus dans la définition d'une pandémie, qui porte aujourd'hui plutôt sur l'étendue d'une maladie contagieuse. Alors que le virus se répandait très rapidement, l'OMS, se fondant sur ce critère, a déclaré la grippe "pandémie" en juin 2009, déclenchant automatiquement, en vertu des règlements de santé internationaux, une batterie de mesures, dont la recommandation d'une vaccination à grande échelle de la population.

"Le problème c'est que, dans les premiers temps, si on ne connaît pas bien la maladie, il faut prendre les mesures les plus strictes possibles", rappelle David Heymann, actuellement président de l'Agence britannique de protection de la santé. Les spécialistes ne savaient que peu de choses de l'origine du H1N1 et la façon dont il avait été transmis par le porc à l'être humain, relève aussi John Oxford. La semaine dernière, la directrice générale de l'OMS a d'ailleurs averti que sans une vraie surveillance des maladies dans le secteur agricole, "nous allons continuer à être confrontés à des infections nouvelles et émergentes".

Pour plus de transparence, les experts ont été priés de détailler toute collaboration antérieure avec le secteur pharmaceutique. Un rapport intérimaire sera transmis à Margaret Chan avant l'assemblée générale de l'OMS en mai. Leurs conclusions finales sont attendues en janvier 2011
.
tf1news
Image hébergée par Casimages.com : votre hébergeur d images simple et gratuit

Aucun commentaire: