mercredi 4 mars 2015

Leur enfant naît handicapé, ils attaquent l'hôpital de Draguignan

Un couple poursuit l’établissement de santé. L’enfant est né avec des malformations aux membres. Le suivi devait pourtant être renforcé en raison d’antécédents génétiques familiaux
Le centre hospitalier de la Dracénie peut-il être jugé responsable du handicap d'un enfant, non décelé durant la grossesse ?
C'est en tout cas ce qu'espère un couple arcois qui a décidé d'engager des poursuites devant le tribunal administratif de Toulon.
Les faits remontent à 2004. Géraldine et Sébastien souhaitent devenir parents. Mais ce dernier étant atteint de malformations aux pieds à la naissance, ils veulent prendre toutes les précautions nécessaires pour que leur bébé ne soit pas touché à son tour.
En lien avec des généticiens
« Lorsque nous avons envisagé d'avoir notre premier enfant, nous avons préféré faire tous les examens, car nous savions qu'il s'agissait d'une pathologie génétique familiale. Nous avons donc consulté le chef de service de génétique médicale au centre hospitalier de Toulon/La Seyne. Lequel a étudié notre cas en collaboration avec le centre génétique de Marseille ».
Les conclusions tombent le 17 novembre 2004. Ce type de malformations se transmettrait selon une hérédité dominante et le risque que le nouveau-né présente des anomalies analogues serait de 50%, selon le rapport repris par Maîtres Georges et Antoine Maury, avocats de la famille, inscrits au barreau de Marseille. Mais « il n'y a pas de diagnostic génétique possible par prise de sang ni par amniocentèse. La surveillance échographique des femmes enceintes devrait permettre de déceler les malformations les plus sévères ».
Un document que Géraldine fournit au gynécologue qui la suit à l'hôpital de Draguignan, dès qu'elle tombe enceinte. Sûre que tout sera mis en œuvre pour que sa grossesse soit placée sous haute surveillance.
Comme prévu.
« J'avais 21 ans, je lui ai fait confiance, déplore Géraldine.Il me disait que les échographies étaient normales. Idem pour les échos morphologiques à 22 et 33 semaines. Celle à 22 semaines mentionnant même "membres supérieurs et inférieurs vus et semblant normaux". Mais nous n'avons aucun compte rendu en notre possession. D'ailleurs, même l'avocat les a demandés au centre hospitalier. Mais il semblerait que toutes les archives aient disparu lors des inondations de 2010 ».

Le choc à la naissance
À la naissance de leur fils, c'est le choc. Le nouveau-né est porteur d'anomalies sur les quatre membres. « Il naît avec des extrémités en pinces de crabe, une agénésie des deuxième et troisième doigts à chaque main, des troisième et quatrième orteils à chaque pied, et des kystes sur les reins ».
Géraldine et Sébastien n'oublieront jamais ces images de la naissance. « Les sages-femmes ont posé le bébé sur mon ventre, sans rien dire. Et tout le monde est parti. Le gynécologue est arrivé trois heures plus tard, l'a regardé et n'a rien dit. Nous aurions aimé qu'il dise, au moins, qu'il n'avait pas vu, qu'il avait fait une erreur. Mais rien ».
Culpabilité
Un silence qui les culpabilise plus encore, alors qu'ils avaient le sentiment d'avoir tout anticipé en consultant un généticien. Pour eux, comme pour leur avocat, aucun doute, il y a eu négligence. Et si au moins ils avaient su, ils auraient pu se préparer, assurent-ils. Ou envisager de mettre un terme à cette grossesse.
Ils ont donc décidé d'intenter un recours auprès du tribunal administratif de Toulon. « Pour que cela ne se reproduise pas dans d'autres familles ».
La procédure est longue. mais la dernière expertise leur a donné raison. Il faut désormais attendre la décision du tribunal.
Contacté, le centre hospitalier de la Dracénie n'a pas souhaité s'exprimer sur le dossier, aucun jugement n'ayant pour l'heure été rendu.
http://www.nicematin.com/derniere-minute/leur-enfant-nait-handicape-ils-attaquent-lhopital-de-draguignan.2126043.html

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