vendredi 6 mars 2015

Hôpital de Gourdon : le rapport qui fait mal

C'est un rapport qui va faire du bruit à l'hôpital de Gourdon, et au-delà, dont nous révélons les principaux éléments aujourd'hui, après une longue enquête (1). Un rapport interne de 140 pages, produit par le cabinet conseil Syndex, à la demande du Comité d'hygiène, de sécurité et de condition de travail, le CHSTC.
Ce rapport a été remis le 16 décembre par le cabinet Syndex aux représentants du CHSTC. Son titre, «Analyse des facteurs de risques psychosociaux portant atteinte à la santé des salariés et aux conditions de travail», est assez explicite. Il met en évidence une souffrance au travail qui traverse les équipes et qui semble s'être amplifiée au fil des années.
L'ensemble des 441 agents de l'hôpital Jean-Coulon a reçu le questionnaire. 92 réponses regroupées en 13 thématiques, selon des méthodes scientifiques éprouvées.
Le taux de participation de 52 % rend crédible ses conclusions. Les résultats sont édifiants. 60 % des employés déclarent être en situation de stress permanent. 16 % des agents estiment avoir recours à des médicaments pour tenir. Parmi les griefs exposés, le manque d'effectifs malgré une quantité de travail importante, rehaussé par des pics d'activité. Cela entraîne des glissements entre les services. Dans le rapport, on observe qu'un cadre de santé de l'Ehpad du Mas gère aussi celui de l'Ouvroir, autre Ehpad : «L'ensemble des cadres sont affectés, en plus de leurs fonctions d'encadrement, à des missions transverses, faute de personnes dédiées sur ces missions.» L'un des résultats de cette fuite en avant, ce sont les frais de médecins qui ne font plus l'objet d'un suivi pointilleux, ce qui aurait entraîné leur explosion.

Le cas des urgences

Nouveaux, les urgences et les sorties SMUR de nuit où règne une certaine désorganisation. La nuit, «aucun cadre de santé n'est présent dans les locaux, de même pour la présence des médecins, une fois le médecin des Urgences sorti en SMUR.»
Une astreinte téléphonique est certes organisée du côté des cadres de soins et des médecins anesthésistes, mais des personnels déplorent qu'on «leur ait laissé gérer seul, comme ils le pouvaient, des situations délicates.»
La conclusion du cabinet claque comme une sentence : «Le protocole Urgences et les conséquences qui en découlent apparaissent finalement symptomatiques de la politique d'optimisation des moyens humains» de l'hôpital gourdonnais.

«Le prendre soin» oublié

Autre point noir, la politique d'optimisation, mise en place par les directions successives, elles-mêmes en proie à des restrictions budgétaires, donne lieu à des dysfonctionnements. De jeunes ASH (Agents de services hospitaliers) sans formation font parfois le travail d'aides-soignants qui pallient eux-mêmes les infirmiers débordés… Des salariés décident même de venir plus tôt le matin «pour prendre de l'avance». Certains ne disposent même pas d'un fax ou d'un photocopieur, comme à l'Ouvroir. Les ordinateurs fonctionnement difficilement en réseau, pas de fauteuils ergonomiques, des manques de linges et on en passe…
La notion de surinvestissement est également abordée. Les personnels encadrants rencontrés par les experts de Syndex font part de leur «attente d'une reconnaissance et d'un soutien de la part de la nouvelle direction générale de l'hôpital.»
Le rapport fourni au CHSCT s'intéresse aussi aux «identités professionnelles bousculées par ces dysfonctionnements.» «Le «prendre soin» constitutif de l'identité soignante est malmené. La part relationnelle avec les patients essentiels, semble être celle qui est la plus touchée».
Face à ces faits et attitudes, les agents aimeraient disposer de lieux de concertations collectives pour rompre leur isolement.
Bref, la tâche s'annonce immense pour la direction, eu égard à un rapport qui pointe des dérives qui ne datent pas d'hier.
(1) Sollicités, les représentants de la CFDT, syndicat majoritaire à l'hôpital de Gourdon, et l'Agence régionale de santé, n'ont pas donné suite à nos demandes d'interviews, la CFDT nous expliquant même que nous n'avions pas le droit de faire état de ce document.
http://www.ladepeche.fr/article/2015/03/06/2061131-hopital-de-gourdon-le-rapport-qui-fait-mal.html

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