C'est un excellent médecin de famille. Le genre à avoir mis en garde ses patients contre le médiator bien avant qu'éclate le scandale. Un grand lecteur de la revue Prescrire et un rationnel bienveillant qui vous écoute puis vous ausculte le temps qu'il faut, sans rien omettre, avant de poser son diagnostic et de rédiger une ordonnance «classique» et respectueuse de la sécu. Bref… un sérieux, à qui l'on pose la question “piège” du zona, ses douleurs et brûlures associées. Savoir ce qu'il fait, dans ce cas-là.
«Eh bien c'est vrai que le médecin n'a pas grand-chose à proposer pour ça. Alors moi, je transmets l'info aux patients. Je leur dis que s'ils connaissent quelqu'un qui coupe le feu, qu'ils n'hésitent pas, à la condition expresse que ce quelqu'un ne leur fasse rien prendre par voie orale ou qu'il ne leur applique aucune préparation sur le corps», explique ce docteur.
Le médecin qui, sans officiellement prescrire le “guérisseur”, vous désigne officieusement sa porte, pour vous soulager… En fait, cela ne date pas d'hier, lorsqu'on commence à se pencher sur la question des rapports compliqués qu'entretiennent ceux qui ont prêté le serment d'Hippocrate et les francs-tireurs d'Esculape, le dieu de la médecine. Mais si avant, c'était rare et tu parce que très mal vu, aujourd'hui, cela se dit, se fait et s'assume plus.
Zona, mais aussi inflammations liées aux radiothérapies traitant les cancers ou brûlures tout court… «Régulièrement les médecins m'envoient du monde» confirme au téléphone Brigitte Grimm-Laforest, magnétiseuse et présidente du GNOMA, le Groupement national pour l'organisation des médecines alternatives, association officielle des guérisseurs et magnétiseurs, en France.Reconnaissant qu'aujourd'hui «ça s'ouvre», côté relations entre médecins et soignants non conventionnels, «certains pharmaciens nous recommandant également à leurs clients, pour du soutien, lorsqu'ils sont en chimio ou traités par rayons», note-t-elle.
Mais c'est encore «du cas par cas» et rien d'officiel, «plutôt le fait de praticiens en fin de carrière ou de chefs de service n'ayant rien à craindre», observe-t-elle, côté médecins. En Midi-Pyrénées ? Au Centre Hospitalier de Rodez, cela fait quelques années déjà que le Dr Alain Marre, radiothérapeute, a ainsi opté pour une approche pragmatique et sans hypocrisie de la question.
«Devant la difficulté, la peur que provoque le cancer, on a besoin de tout», estime-t-il. Et «tout», pour lui, c'est faire en sorte que le malade, mais surtout l'être humain en face de lui se sente le mieux possible, pour mieux lutter durant le traitement contre sa maladie. Ce qui passe par l'art thérapie, le sport, la sophrologie et… le coupeur de feu, «si les gens le souhaitent et y croient», précise-t-il (lire page 3).
Une ouverture d'esprit que revendique l'AFSOS, l'Association francophone pour les soins oncologiques de support. S'ouvrir, mais aussi évaluer ces pratiques afin de ne pas ouvrir la porte à d'éventuelles dérives : c'est l'un des objectifs défendus par le professeur Ivan Krakowski, son président, oncologue spécialiste de la douleur, à Bordeaux. Car pour le médecin comme pour l'authentique «leveur de maux»,le but reste le même face à la souffrance : soulager le patient.
http://www.ladepeche.fr/article/2015/03/22/2071989-la-medecine-s-ouvre-aux-guerisseurs.html
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