Dans ce contexte, la ministre affirme dans une interview au Figaro qu'elle comprendre les inquiétudes. «S'il faut ajuster, préciser, améliorer les aspects de cette loi, je le ferai, déclare-t-elle. Je vais rencontrer à nouveau l'ensemble des acteurs concernés d'ici la mi-décembre et poursuivre la concertation déjà engagée.» Concertation qui était néanmoins close depuis des semaines, et dont l'Ordre des médecins, entre autres, réclamait la réouverture.
Cela sera-t-il suffisant? Difficile à dire à l'heure actuelle, tant Marisol Touraine fait face à une rare union sacrée chez les médecins contre la mesure phare de son projet de loi, à savoir la généralisation de l'avance des frais médicaux, autrement dit du tiers payant. Les professionnels répètent à l'envi que cela dévalorisera l'acte médical et incitera à la surconsommation de soins.
La ministre n'entend pas céder un pouce sur ce terrain. Tout en répétant que les médecins ne seront pas sanctionnés s'ils n'appliquent pas le tiers payant à tous leurs patients… «J'introduirai dans la loi des garanties aux médecins sur le tiers payant, promet-elle. Les coûts de gestion seront totalement maîtrisés et les délais de paiement des médecins par l'Assurance maladie n'excèderont pas quelques jours.»
Les cliniques menacent de fermer
Même MG France, premier syndicat chez les généralistes, a pris le maquis début octobre. Il s'oppose aussi à une généralisation du tiers payant sans garanties, et réclame surtout une revalorisation tarifaire, que la ministre n'est pas encline à leur octroyer, vu la situation budgétaire très tendue. En comprenant toutes les rémunérations annexes (travail en équipe, objectifs de santé), «nous arrivons à une rémunération des médecins généralistes, ramenée à une consultation, de 31,40 euros contre 28,70 euros lorsque je suis arrivée», estime-t-elle.Après les médecins, ce sont les cliniques qui sont montées au créneau lundi contre la loi Santé. Elles ont lancé un préavis de fermeture illimitée à partir du 5 janvier et réclament l'abandon pur et simple du texte. Ce dernier forcerait les cliniques à interdire les dépassements d'honoraires de leurs praticiens si elles veulent conserver l'étiquette - et les financements - du service public hospitalier. Là encore, Marisol Touraine propose de relancer les discussions.
Existe-t-il, au final, un «problème Touraine» au ministère de la Santé? Les professionnels de santé se plaignent d'un manque d'écoute. «Les choses ne se résument pas à une seule personne, mais on se passerait bien de ces conflits», reconnaît-on au sein du gouvernement. Marisol Touraine, quant à elle, fait valoir que le monde médical vit «de grandes transformations». Et que la proximité des élections de leurs représentants syndicaux contribue sans douteà la poussée de fièvre actuelle des médecins.
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