Pourquoi cette ampleur ?
L’Afrique de l’Ouest ne connaissait pas ce virus isolé en Afrique centrale en 1976. À cela se sont ajoutés des facteurs sociaux, économiques et culturels différents : la mobilité des populations, leurs rites funéraires, leur réticence à suivre les recommandations gouvernementales, la méfiance vis-à-vis des soignants… « Nous avons été totalement surpris par les différences socio-culturelles, les différences de propagation et le nombre de cas. On ne s’attendait pas à ça », explique Sylvain Baize, directeur du Centre national de référence des fièvres hémorragiques.Le virus est-il devenu plus dangereux ?
Au contraire : la souche Ebola Zaïre sévissant actuellement a un taux de mortalité d’environ 60 % au lieu de 80 %. Mais cette moindre virulence augmente la contamination car les malades, plus valides, se déplacent davantage. « Ils arrivent à pied dans les centres de traitement alors qu’ils sont malades depuis 4-5 jours », raconte Sylvain Baize, de retour de Guinée où il a installé un laboratoire au sein du centre de traitement des malades à Macenta, géré par l’Institut Pasteur et la Croix-Rouge.Risque-t-il de muter ?
Le virus Ebola a peu évolué : la souche actuelle présente 97 % d’homologie avec la souche de 1976. C’est en partie parce que les épidémies étaient stoppées rapidement. Mais aujourd’hui, la circulation interhumaine intense et prolongée augmente les risques de mutation.Peut-on prédire la fin de l’épidémie ?
Non. Les modèles mathématiques se sont déjà trompés sur son évolution. « On n’a jamais été confrontés à cela… C’est parti pour durer longtemps », pense Sylvain Baize.Quelles conséquences pour les pays ?
L’épidémie Ebola a anéanti des systèmes de santé déjà mis à mal par des années de troubles et de guerre civile. Entre la moitié et les deux tiers des personnels de santé locaux sont morts. « C’est une vraie catastrophe pour les pays touchés. Ils mettront des mois à s’en remettre », estime Sylvain Baize. D’ores et déjà, d’autres maladies sont en expansion comme le paludisme et la dysenterie. Si le choléra est resté en sommeil en 2014, une épidémie de cette maladie endémique pourrait succéder à Ebola.L’OMS va s’atteler à renforcer ces systèmes de santé. « Ce qui était à l’origine une crise sanitaire est devenu une crise ayant des conséquences d’ordre humanitaire, économique et sécuritaire », souligne le Dr Margaret Chan, directeur général de l’OMS.
D’autres épidémies Ebola ?
La majeure partie des experts pense que ce ne sera pas la dernière grande flambée d’Ebola. Au moins 22 pays africains réunissent les conditions écologiques, les espèces de faune sauvage et les pratiques de chasse propices à une réapparitionhttp://www.leprogres.fr/sante/2014/12/27/l-epidemie-ebola-est-partie-pour-durer-longtemps
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