dimanche 22 septembre 2013

Alzheimer: le combat d'une famille

Visage fermé et bras croisés, Jacques* se demande ce qu'il fait là. C'est à contrecœur qu'il a suivi, hier, sa femme Martine* dans les locaux de l'accueil de jour Alzheimer, tout près de l'Établissement hospitalier pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), au centre hospitalier, alors qu'avait lieu la journée mondiale de lutte contre la maladie d'Alzheimer.
« Cela fait deux ans que j'ai remarqué des problèmes de mémoire chez lui, raconte Martine, 77 ans. Ça a commencé alors qu'il faisait du jardinage : il avait fait deux semis différents au même endroit… » Le couple de la région vitryate a découvert cet établissement qui accueille deux fois par semaine des personnes à la mémoire défaillante. On y fait des activités stimulantes pour la mémoire. Jacques, qui va sur ses 82 ans, ne voit pas l'intérêt de la démarche. « Je n'ai jamais été hospitalisé », gronde-t-il. « Ce n'est pas un hôpital !, réplique Marie-Christine Boblique, cadre à l'Ehpad. C'est pour permettre à votre femme de se reposer. »
Alors qu'un Alzheimer léger a été diagnostiqué chez son mari, le quotidien de Martine est de plus en plus difficile.
« Je n'ose plus le laisser seul »
« Il a beaucoup d'oublis. Tous les jours, un peu plus. Je n'ose plus le laisser seul longtemps, je dois toujours veiller sur lui, témoigne-t-elle. Il a tendance à prendre des risques et à se mettre physiquement en danger. Mais moi aussi, je vieillis. Un jour, je ne pourrai plus m'occuper de lui ! »
Jacques n'en démord pas : il admet bien oublier quelques petites choses, sans y voir quoi que ce soit d'alarmant. « Ça ne me semble pas anormal, je me sens bien. J'ai toujours de quoi m'occuper : je fais de la musique, des sudokus… » Il le répète sur tous les tons : pour lui, sa femme dramatise.
Le couple a visité un autre établissement pour les personnes atteintes d'Alzheimer, avant de découvrir celui de Vitry. « Ce n'est pas une décision que j'ai prise toute seule, insiste la retraitée devant la moue sceptique de son mari. Mais je serais plus détendue. Les enfants et l'entourage s'inquiètent aussi pour lui. » Si l'accueil de jour lui semble être une bonne option, elle souligne : « Je ne veux pas que mon mari soit malheureux. Je ne compte pas le mettre en maison de retraite ! Mais il ne peut plus faire tout ce qu'il faisait avant. »
Au bout de quelques minutes, Jacques finit par céder : il reviendra jeudi prochain pour une journée d'essai. « Vous serez en groupe, l'ambiance est conviviale et vous pouvez aussi rencontrer des connaissances, rassure Marie-Christine Boblique. Et puis cela vous permettra à tous les deux de gagner en sérénité. »
*Les prénoms ont été changés

http://www.lunion.presse.fr/region/alzheimer-le-combat-d-une-famille-jna3b24n210230

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