En cas de cancer du sein, la mastectomie - l'ablation - n'est plus une fatalité. Mais sans radiothérapie après l'opération, le risque de récidive dans les cinq années suivantes monte à 30 %. Le traitement permet de réduire ce risque à 10 % voire à 5 % dans certains cas. Cette année, quatre-vingts patientes vont tester à l'institut Paoli-Calmettes (Marseille) une technique qualifiée sur place de "nouvelle et prometteuse". Elle devrait leur assurer les mêmes chances de guérison définitive sans les inconvénients de la radiothérapie. Certaines vont économiser environ 25 séances généralement pratiquées dans les semaines suivant la chirurgie. Il s'agit de tumeurs moins agressives (tumeur unique sur bilan IRM, de type canalaire infiltrant) et seules les seniors sont concernées. Moins d'aller-retour, moins de coûts, moins de fatigue. Pour les autres, le temps de la radiothérapie sera réduit.
"Entre 8 et 10 séances de moins", réclamait l'Institut national du cancer dans son appel à projets, celles consacrées à la surimpression de la zone touchée - le lit tumoral - compensées par l'intervention directement après l'opération. Henri Mercier, président du Comité 13 de la ligue contre le cancer, ne minimise pas ces jours de repos gagnés . Son association vient d'ailleurs de donner 120 000 euros pour améliorer l'accueil des malades dans les services "radiothérapie" de Paoli-Calmettes. Pour adoucir ces moments toujours stressants, des écrans géants diffuseront des paysages apaisants.
Le principe de ce "traitement minute" : tout de suite après l'ablation de la tumeur, le lit tumoral est irradié. Les chirurgiens gagnent en précision. "Ils préservent mieux les tissus sains", précise l'institut. Auparavant, la partie atteinte se modifiait dans les semaines suivant l'opération, compliquant l'intervention des radiothérapeutes. De fait, il n'est plus nécessaire, comme en radiothérapie externe, de pratiquer ce que le professeur Gilles Houvenaeghel appelle "une irradiation lourde d'organe". En clair, le sein malade, une fois soigné, pourra de plus en plus être conservé. Ce procédé innovant nécessite une machine spéciale : un appareil de radiothérapie de contact par photons facturé 540 000 euros. Le budget nécessaire est plus important : il a fallu aménager une salle d'opération, isoler les murs au plomb. L'IPC sort 240 000 euros de sa poche. Deux gros contributeurs rendent l'expérience possible : l'Institut national du cancer (300 000 euros) et la Fondation d'entreprise régionale du Crédit Agricole (150 000 euros).
La phase d'essai, démarrée le 8 février dernier, durera 24 à 30 mois. Elle se déroule à Paoli-Calmettes et dans sept autres établissements pilotes répartis à travers le territoire. Après évaluation par l'Institut national du cancer, la technique sera généralisée en France à partir de 2014. De nombreuses femmes en bénéficieront : avec plus de 50 000 cas par an dans notre pays, le cancer du sein est le plus répandu chez les femmes. Il tue chaque année 11 000 d'entre elles. À terme, d'autres formes de cancers pourront être traitées comme les carcinomes colorectaux. Les médecins "envisagent" cet avenir, "font des hypothèses". Un excès de prudence pour ne pas décevoir des patients qui espèrent à chaque avancée thérapeutique qu'une réponse définitive a été apportée à leur propre maladie.
http://www.laprovence.com/article/sante/cancer-du-sein-une-nouvelle-technique-antirecidive
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