3 millions de Français souffrent d'incontinence. Un problème souvent occulté, par pudeur, mais qui peut avoir des retentissements sur la sexualité. Les urologues, réunions à partir de lundi à l'occasion de la 10e semaine de la continence, feront le point sur l'évolution des traitements.
«Ce sont deux souffrances souvent occultées, pour lesquelles les urologues et les sexologues ont des solutions à apporter», assure le Dr Georges Kouri, vice-président de l'Association française d'urologie (Afu).
Selon l'Afu, l'incontinence urinaire, définie comme «toute perte involontaire d'urine dont se plaint le patient», concernerait près de 3 millions de Français de tous âges. Un chiffre probablement sous-estimé, car nombre de personnes n'osent pas parler de leur incontinence, ou sous-estiment le problème.
26% des femmes reconnaissent un problème d'incontinence urinaire
Une étude menée en 2009 auprès de 2.183 femmes, venues consulter pour autre chose un médecin généraliste du réseau Sentinelles de l'Inserm, fait apparaître que 26,6% avaient souffert dans le dernier mois d'un problème d'incontinence urinaire, dont 60% n'avaient jamais parlé. La moitié portait une protection.
Leur anatomie rend les femmes plus vulnérables aux troubles de la continence que les hommes, et les accouchements peuvent contribuer à fragiliser le plancher pelvien.
Continence et sexualité partagent «un même territoire anatomique» et les troubles urinaires sont fréquemment associés à des troubles sexuels.
«revisiter sa sexualité»
Répercussions sur la sexualité
Rire, éternuer, courir, sauter... peuvent entraîner des «fuites» - on parle d'incontinence d'effort -, plus ou moins bien vécues selon les femmes. Les rapports sexuels aussi.
Les fuites urinaires pendant les rapports sexuels concerneraient entre 27 et 60% des femmes souffrant d'incontinence, selon les études.
«La souffrance n'est pas proportionnelle au volume d'urine perdu», relève le Dr Antoine Faix, urologue et sexologue.
Baisse de la libido, diminution des rapports sexuels, diminution ou absence d'orgasme, douleurs pendant les rapports, font partie des troubles sexuels fréquemment associés aux troubles urinaires.
«L'image de soi est profondément remaniée, or une bonne estime de soi est indispensable dans la sexualité», explique le Dr Marie-Hélène Colson. La sexualité est normalement un moment d'abandon. «Si on est dans la vigilance, on perturbe les voies neurologiques du plaisir», poursuit-elle.
Chez l'homme en cas de problèmes de la prostate
Chez l'homme, l'incontinence est le plus souvent liée aux pathologies de la prostate et à leur traitement, et associée à des troubles sexuels plus importants (troubles de l'érection, absence d'éjaculation). Contrairement à la femme, «elle est exceptionnelle chez l'homme jeune», souligne le Pr François Richard.
Kinésithérapie, thérapie comportementale, médicaments, chirurgie : la prise en charge de l'incontinence est progressive et fonction du diagnostic posé par l'urologue.
Au niveau de la vie sexuelle, le Dr Colson donne quelques conseils : penser à vider sa vessie avant les rapports ou encore «revisiter sa sexualité» en ménageant des «moments de pauses câlines». Surtout, «il faut rompre le silence».
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