L'augmentation soudaine des infections néonatales à streptocoque B dans les années 60 était due à l'usage massif de la tétracycline, un antibiotique largement utilisé à partir des années 50, selon une étude parue aujourd'hui dans la revue scientifique Nature communications. Les infections à streptocoque B, transmises par la mère au moment de l'accouchement, sont potentiellement graves pour le nouveau-né lorsqu'elles ne sont pas traitées à temps. Elles peuvent exceptionnellement provoquer des méningites, avec des séquelles neurologiques voire, dans certains cas, entraîner le décès du bébé.
Mais, alors qu'elles étaient rares jusque dans les années 50, leur nombre a brutalement augmenté dans les années 60 aux Etats-Unis comme en Europe pour atteindre environ un tiers de l'ensemble des infections néonatales, qui touchent aujourd'hui environ 1 nouveau-né sur 2000, sans qu'on comprenne pourquoi. En retraçant l'histoire des streptocoques B d'origine humaine et en séquençant le génome de 230 souches datant des années 50 à aujourd'hui, des chercheurs de l'Institut Pasteur et du CNRS ont constaté que 90% des souches récentes étaient résistantes à la tétracycline et qu'elles étaient globalement plus dangereuses que celles qui existaient avant l'usage massif de la tétracycline.
"Son utilisation a provoqué un remplacement de la population des streptocoques par des souches plus virulentes et son impact continue de nos jours, alors même que la tétracycline n'est plus utilisée", souligne Philippe Glaser, le chercheur de l'Institut Pasteur qui a coordonné l'étude. Très prescrite jusque dans les années 80 à titre préventif contre diverses infections, la tétracycline n'est plus guère utilisée de nos jours parce que beaucoup de bactéries ont développé des résistances à cet antibiotique.
"Nous avons montré que l'utilisation d'un antibiotique peut entraîner l'émergence de souches dangereuses et que même si on arrête son utilisation, son effet sur l'émergence de souches virulentes se poursuit", ajoute le chercheur qui estime que le même phénomène touche "probablement" aussi certains staphylocoques ou entérocoques, mais avec d'autres antibiotiques. Pour prévenir les infections néonatales à streptocoque B, les mères sont invitées en France à faire des tests de détection de la bactérie pendant la grossesse. En cas de test positif, elles sont généralement traitées par de la pénicilline juste avant l'accouchement afin de protéger le bébé.
http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2014/08/04/97001-20140804FILWWW00082-un-antibiotique-responsable-d-infections-etude.php
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