Trente ans après les faits, Véronique en est encore traumatisée. Elle était venue soutenir sa meilleure amie, qui venait de perdre son chat. «Je tâchais de la consoler. L'animal, empoisonné, reposait sur le carrelage, se souvient-elle. Soudain, mon amie s'est levée, a pris le chat mort et l'a jeté dans la poubelle. Je ne m'en suis jamais remise.» Choquée, Véronique avoue que cette manière d'agir a sérieusement endommagé le lien qu'elle avait avec son amie. «Traiter ainsi un animal avec qui on a vécu de longues années, c'est inhumain, non?»
L'attitude expéditive de cette propriétaire envers son chat correspond à une époque révolue: celle où l'on ne prenait pas en compte la profondeur du lien qui peut unir un maître à Médor ou Mistigri. «Pendant longtemps, la question de la condition animale n'a pas suscité grand intérêt en Occident, rappelle la journaliste Karine-Lou Matignon, qui vient de publier le beau livre Enfants et animaux. Des liens en partage (Éditions de La Martinière). L'attachement que l'on pouvait éprouver pour un animal a été souvent jugé sinon indécent ou dérisoire, en tout cas symptomatique d'une époque et d'une société malades, en perte de repères. Dans un tel contexte, il était même difficile de montrer sa peine lors de la mort de son chien ou de son chat.»Les pays anglo-saxons ont été les premiers à changer la donne, avec la création de groupes de parole pour propriétaires endeuillés * et l'émergence de pet loss therapists, qui accompagnent ceux dont la douleur s'éternise. Internet a aussi ouvert de nouveaux espaces pour toute une population qui ne savait pas où communiquer son chagrin: les cimetières virtuels pour animaux y fleurissent, ainsi que les forums de discussion autour d'un chat ou d'un chien perdu.
Les étapes du deuil
Pour la journaliste Karine-Lou Matignon, pas de doute, il s'agit bien d'un deuil à (...)
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