Cette technique a révolutionné les pratiques. Lancée il y a 20 ans, la coeliochirurgie - qui permet d'intervenir dans la cavité abdominale sous endoscopie, avec des instruments introduits par de très petites ouvertures - est de plus en plus souvent utilisée dans les blocs opératoires. D'abord employée en gynécologie et en obstétrique, elle permet également maintenant de réaliser des interventions sur tous les viscères abdominaux. Les raisons de son succès sont multiples : l'absence de grandes cicatrices, moins de douleur, une convalescence abrégée et une réduction des coûts.
Mais, selon le Journal international de médecine, ce concert de louanges ne doit pas dissimuler que la coeliochirurgie a fait au moins une victime imprévue, le chirurgien. En effet, elle est à l'origine d'un stress physique et mental très supérieur à celui lié à la chirurgie traditionnelle, "ouverte". La vision en deux plans, sans relief, la limitation du champ opératoire pouvant masquer un instrument, les incidents (buée sur l'écran, panne de caméra) sont autant de sources de soucis. De plus, les efforts physiques dans des positions inappropriées sont responsables de troubles musculo-squelettiques (TMS), qui touchent le bas du dos, mais aussi les doigts (serrage des noeuds) et les yeux (clignements plus fréquents).
Une équipe de Baltimore a voulu quantifier ce phénomène sur une grande échelle. Pour cela, elle a envoyé 23 questions à 2.000 chirurgiens impliqués dans la coeliochirurgie : parmi ceux qui ont répondu, 86 % se sont plaints de TMS ou d'un inconfort imputables à cette chirurgie. Seules les gênes au niveau de la main (dominante) semblent corrélées à l'âge. Les autres TMS sont liés au nombre des actes effectués. Ces troubles surviennent majoritairement au cours même de la coeliochirurgie, et dans ses suites immédiates. Ils durent plus ou moins longtemps. Néanmoins, un quart des chirurgiens ne s'en plaignent qu'une fois l'acte effectué et 10 % souffrent en permanence. Les TMS sont minimisés par le changement d'instrumentation, de position, ou une pause entre deux interventions. Mais, globalement, les chirurgiens souffrent régulièrement pour le confort de leurs patients. Cela méritait d'être souligné.
http://www.lepoint.fr/chroniqueurs-du-point/anne-jeanblanc/le-bonheur-des-operes-fait-le-malheur-des-chirurgiens-19-07-2010-1216095_57.php
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