jeudi 19 décembre 2013

Médicaments sans ordonnance : l'Autorité de la concurrence favorable à la vente hors pharmacies

L'Autorité de la concurrence s'est prononcé jeudi en faveur de la vente des médicaments non remboursables en dehors des pharmacies, qui en ont jusqu'ici le monopole, ce qui permettrait de faire baisser leurs prix.

Les médicaments sans ordonnance seront-ils bientôt en vente dans les grandes surfaces et en parapharmacie ? Dans un avis, publié jeudi, l'Autorité de la concurrence se prononce en faveur de la libéralisation de ce marché. Objectif : faire baisser les prix. Elle dit soutenir "une ouverture encadrée de la distribution au détail des médicaments non remboursables" et souhaite "instiller un peu plus de concurrence dans la distribution du médicament".
Dans son avis, l'Autorité relève de "très forts écarts de prix", allant de 1 à 4 d'une officine à l'autre, sur ces produits d'auto-médication ainsi que sur les "produits frontières", comme les tests de grossesse ou les produits d'entretien pour lentilles de contact. Pour y remédier, elle préconise une libéralisation "limitée et encadrée" de la vente des médicaments non remboursés, qui permettrait de faire baisser leur prix de vente de 11,4 % à 16,3 %. "Nous pensons que le statu quo ne peut pas être maintenu (...). A l'heure actuelle, le consommateur n'est pas en mesure d'arbitrer entre telle pharmacie et telle autre", a déclaré le président de l'Autorité, Bruno Lasserre,
Un système de prix opaque
Une enquête de l'association de consommateurs CLCV publiée en octobre a relevé que les prix varient du simple au double, voire du simple au quadruple en fonction des pharmacies. "Notre 'panier' de 6 produits (Synthol, Maalox, Actifed rhime, Efferalgan vitamine C, Imodiumlingual, Nurofen 200) nous a coûté de 17,08 euros à Arras à 33,70 euros à Paris 15eme", écrivent les auteurs de l'enquête, sachant que le prix moyen tourne autour de 25 euros. 
En effet, le système des prix pratiqués par les pharmacies sur ces produits est opaque. Ces différences de prix s'expliquent par les réductions variables qu'accordent les laboratoires, mais également par les marges importantes que les pharmacies appliquent sur ces produits. D'autant que ces médicaments non remboursés sont en plein essor : leur marché pèse 2,2 milliards d'euros par an, selon l'Autorité. Permettre la vente des médicaments non remboursés dans les supermarchés et autres points de distribution engendrerait une économie globale d'environ 270 millions d'euros par an, selon ses estimations.
Une vente sous le contrôle d'un pharmacien
L'avis de l'institution reste consultatif. Mais en cas d'application, l'Autorité préconise toutefois la présence d'un pharmacien. "Il n'est pas question de permettre la vente de ces médicaments sans la présence d'un diplômé en pharmacie", a expliqué Bruno Lasserre. Même en supermarché, les médicaments non remboursés devraient donc être vendus sous le contrôle d'un professionnel compétent et soumis aux règles de déontologie des pharmaciens. La vente devrait également avoir lieu dans des "espaces dédiés et délimités, avec un encaissement distinct", selon l'Autorité.
 

Aucun commentaire: