"Assimilé à un acte de pénétration sexuelle"
«Pratique jusqu’alors largement niée», le toucher vaginal ou rectal sur des patient-e-s inconscient-e-s et non informé-e-s à des fins pédagogiques est «évoqué dans plusieurs blogs, par des témoignages de futurs médecins et même attesté par des documents», affirment les signataires.Or ce ne sont pas des «gestes anodins», ni pour les patients, ni pour le futur médecin. «Négation» des droits du malade, le toucher vaginal «effectué sans consentement pourrait même être assimilé, au sens pénal, à un acte de pénétration sexuelle commis sur la personne d’autrui par contrainte ou par surprise, c’est-à-dire un viol», poursuivent-ils. Parmi eux, Clara de Bort, directrice d’hôpital, l’association Osez le féminisme ou encore le médecin et écrivain Martin Winckler.
Démenti ferme de l'hôpital Lyon Sud
Un article de notre journal, publié le 30 janvier, relayait un document publié sur le site de la Faculté de médecine Lyon Sud Charles-Mérieux, laissant penser que ces méthodes étaient employées par ses étudiants. Des allégations fermement démenties par l’établissement dès mardi soir.«Il n’a jamais été organisé de formation sur des patientes endormies (...) Ce n’est pas possible, ce n’est pas éthique, ce serait inacceptable», a affirmé mercredi le chef du service de Lyon Sud, François Golfier, lors d'une conférence de presse, que nous relatons dans cet article paru le 5.
"Besoin d'un consentement libre et éclairé"
De leur côté, les auteurs de la tribune assurent que «bon nombre de professionnels de la santé et d’internes» ont justifié ces pratiques, expliquant «qu’ils doivent apprendre leur métier, et qu’il est préférable que la patiente ne sente rien, ne se souvienne pas que plusieurs inconnus sont passés la 'voir'».Ils demandent donc aux ministres Marisol Touraine (Santé) et Najat Vallaud-Belkacem (Enseignement supérieur) «de faire toute la lumière sur cette affaire et les conditions de l’apprentissage pratique des futurs médecins».
"Je n'ai jamais vu ça"
Le président de section éthique et déontologie de l’Ordre des médecins, Jean-Marie Faroudja, a rappelé que ces pratiques ne pouvaient avoir lieu sans le «consentement libre et éclairé du patient». «C’est un devoir déontologique de recueillir l’accord du patient avant tout examen», a-t-il déclaré.Les signataires réclament d’ailleurs le recueil systématique du consentement des patients «sur les actes pratiqués par des étudiants dans l’ensemble des hôpitaux français».
«Attention aux amalgames», prévient quant à lui le docteur Bertrand de Rochambeau, formé à Lyon et vice-président du Syndicat national des gynécologues obstétriciens de France. «Faire examiner des patientes par des étudiants à leur insu, je n’ai jamais vu ça». Par contre, lorsqu’un interne suit un patient, il peut être amené à l’examiner. «Dans ce cadre-là, (...) le patient n’a probablement pas signé un consentement écrit sur ce point particulier», mais «ce n’est pas un viol», estime-t-il.
http://www.leprogres.fr/rhone/2015/02/06/toucher-vaginal-sur-des-patientes-endormies-des-medecins-alertent-le-gouvernement
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